Trésorerie nouvelle génération : comment aborder les incertitudes liées aux taux de change et aux taux à l’ère de Donald Trump

Les changements de politique préoccupent tout le monde. Au cours des deux premières semaines de son administration, le président américain Donald Trump a déjà eu un impact immédiat en annonçant l’imposition éventuelle de tarifs douaniers sur les biens importés de partenaires commerciaux clés des États-Unis, dont le Canada. De nouveaux risques se sont donc ajoutés à la liste des risques que les entreprises doivent prendre en considération.
Puisque nous vivons une période d’incertitude, il est utile de se concentrer sur les faits au moment de décider comment votre entreprise devrait composer avec l’évolution de la dynamique des échanges commerciaux et des politiques économiques. Nous avons récemment organisé un événement numérique avec des experts de BMO Marchés des capitaux : Jennifer Lee, économiste principale et première directrice générale, et Stephanie Petti, directrice générale, Ventes aux sociétés et structuration. Elles ont analysé les répercussions que ces changements de politique pourraient avoir sur l’économie. Elles ont également discuté de solutions pratiques pour gérer les fluctuations de taux d’intérêt, l’exposition aux taux de change et les risques de négociation. Dea Gillis, premier directeur général et chef, Financement du commerce international et Banque transactionnelle de BMO Marchés des capitaux, était le modérateur.
Leur discussion s’est déroulée le 4 février – le lendemain de la date à laquelle des tarifs douaniers de 25 % devaient entrer en vigueur sur les importations en provenance du Mexique et du Canada, avant d’être mis sur pause pendant 30 jours. La frénésie d’activités souligne la situation changeante dans laquelle nous nous trouvons et les raisons pour lesquelles il est essentiel d’être proactif au moyen de solutions pratiques pour garder une longueur d’avance sur cet environnement en évolution rapide.
Voici un résumé de la discussion.
Attendez-vous à plus d’incertitude
Après que les États-Unis ont initialement annoncé leur taxe sur les importations canadiennes, le Canada a réagi en imposant des tarifs douaniers de 25 % sur les importations américaines. Le Mexique a également promis des tarifs de rétorsion, même s’il ne précisait pas le taux ni les biens concernés. Mais Mme Lee a insisté sur le fait que les événements récents montrent qu’on peut s’attendre à des imprévus, du moins à court terme.
« Un accord a été conclu, et en soi, c’était déjà une bonne nouvelle, » a-t-elle déclaré. « Mais si quelqu’un pense que c’est terminé, il a probablement tort. Des tarifs douaniers de 10 % sur les importations en provenance de la Chine sont toujours en vigueur. La Chine a également riposté, quoiqu’avec des tarifs plus modestes. Il y aura également des restrictions à l’exportation de certains minéraux des terres rares. La grande question sera de savoir si les États-Unis riposteront à ces mesures de représailles. « J’avais l’habitude de dire que seuls les partenaires commerciaux qui enregistrent des surplus avec les États-Unis devraient être nerveux, mais je pense maintenant que tous ceux qui font commerce avec les États-Unis devraient l’être aussi. »
Mme Lee a également souligné que le président Trump a fixé au 1er avril la date limite pour l’évaluation, par divers organismes fédéraux, d’aspects clés des politiques commerciales, ce qui pourrait ouvrir la voie à des tarifs visant d’autres pays et zones économiques. « Au bout du compte, nous devrions nous attendre à des tarifs supplémentaires, » a-t-elle déclaré.
Répercussions économiques
De toute évidence, il y a beaucoup de changements en cours; par conséquent il est difficile de déterminer comment la situation actuelle se répercutera sur les économies et les marchés américains et canadiens.
Si les tarifs douaniers étaient entrés en vigueur, Mme Lee a déclaré que les États-Unis auraient connu des perturbations immédiates de la chaîne d’approvisionnement dans plusieurs secteurs, notamment l’automobile et les pièces d’automobiles, des flambées des prix à court terme des biens en provenance du Canada et du Mexique et de la volatilité sur les marchés financiers.
Les effets auraient été encore plus graves pour le Canada. Les prévisions de BMO, soit une croissance du PIB de 2 % en 2025, auraient été annulées par une guerre commerciale, et la possibilité d’une récession ne pouvait pas être écartée. Sur une note positive, Mme Lee a déclaré : « Les tarifs auraient probablement entraîné une dépréciation du dollar canadien, ce qui est une bonne chose pour les exportateurs, et les taux d’intérêt auraient été moins élevés. »
Cependant, Mme Lee a également fait remarquer que l’incertitude et la volatilité de la situation ont déjà ébranlé la confiance de nombreuses organisations. « Les entreprises se demandent probablement ce qui les attend – quelles seront les prochaines difficultés? » a-t-elle déclaré. « Nous nous attendions à un ralentissement de la croissance [avant l’annonce des tarifs] simplement à cause de la hausse de l’anxiété. Je crois que cela pèsera sur des choses comme les investissements des entreprises et les entrées de fonds. »
La réaction des marchés financiers dépend en grande partie de la façon dont les banques centrales vont gérer la situation. À l’heure actuelle, BMO s’attend à ce que la Réserve fédérale reste ferme sur les taux d’intérêt jusqu’à la mi-année, puis à ce qu’elle les abaisse à un peu plus de 3 % d’ici le deuxième semestre de 2026. Quant à la Banque du Canada, BMO s’attend à deux autres réductions de taux cette année, ce qui les portera à 2,5 % d’ici octobre.
Bien entendu, tout cela pourrait changer selon ce qui se passera après la pause de 30 jours.
Répercussions sur les devises
Comme pour les perspectives économiques, il est difficile d’avoir une idée claire de l’incidence que ce tourbillon d’activité aura sur les marchés des devises à court et à long terme. Mais, comme l’a dit Mme Petti, toute guerre commerciale aura des répercussions importantes sur le marché des changes.
« Cela n’a jamais été aussi évident que lorsque nous avons constaté les fortes fluctuations subies par l’indice du dollar américain à la nouvelle que les tarifs avaient été annoncés, puis rapidement repoussés, » a déclaré Mme Petti. « Il est particulièrement difficile de prévoir le choc des tarifs, étant donné qu’il n’y a aucun précédent pour des changements de cette ampleur. Et de nombreuses questions demeurent sans réponse : si et à quel moment les tarifs commenceront, combien de temps ils dureront, quels autres pays seront ciblés, comment ces pays riposteront, etc. Pour le moment, l’incertitude et la volatilité accrues des marchés resteront les thèmes clés. »
M. Petti a déclaré que si des tarifs à grande échelle se concrétisent et deviennent permanents, elle s’attend à voir des répercussions importantes sur les devises des pays cibles et à ce que le dollar américain reste vigoureux. « Je crois que nous verrons un dollar américain plus fort peser sur le dollar canadien, le peso mexicain, l’euro et le renminbi. Mais cela pourrait facilement s’étendre à la majeure partie du G10, à mesure que les économies s’ajusteront à l’incidence de la hausse des tarifs douaniers. Cependant, à court terme, les importateurs américains auront besoin de temps pour trouver de nouvelles sources d’approvisionnement, ce qui atténuera les répercussions immédiates des tarifs sur les économies étrangères. »
Si, cependant, il s’avère que les tarifs douaniers étaient une tactique de négociation et qu’ils sont rapidement abrogés, Mme Petti s’attend à ce que la Fed recommence à réduire les taux d’intérêt et à ce que le dollar américain commence à baisser au cours de l’année.
En ce qui concerne les devises internationales, M. Petti s’attend à ce que l’indice du dollar se rapproche de son sommet des deux dernières années, les devises les plus durement touchées étant celles de la Chine, du Mexique et du Canada. Elle a toutefois rapidement remarqué que d’autres grandes devises, comme l’euro et la livre, ont également souffert.
Stratégies pour garder une longueur d’avance
Compte tenu de l’importante incertitude entourant les politiques, Mme Petti a déclaré que, selon elle, les sociétés adopteraient une approche plus proactive quant à la gestion des risques liés aux taux de change et aux taux d’intérêt, en plus de repenser leurs stratégies de gestion des risques dans l’ensemble.
« Les sociétés qui n’avaient jamais souscrit de couverture auparavant envisagent maintenant de mettre en œuvre des programmes de couverture, » a déclaré Mme Petti. « Et les sociétés qui utilisaient des structures de couverture de base, comme des contrats à terme de gré à gré ou des swaps, examinent des solutions plus structurées, comme des options. Ce qui est devenu plus clair, c’est qu’elles se préparent à une volatilité et à une incertitude soutenues à long terme, et qu’elles adoptent une approche plus réfléchie en matière de gestion des risques. »
M. Petti a déclaré que la hausse de 7,5 % de l’indice du dollar en octobre avait réveillé de nombreuses sociétés qui n’avaient pas de stratégie de couverture en place.
« De plus, les sociétés qui utilisaient des structures de base pour les opérations de change à terme et les swaps sur taux d’intérêt ont commencé à examiner de plus près des stratégies d’options qui leur permettent d’obtenir une protection contre les fluctuations négatives, tout en leur permettant de profiter d’une évolution avantageuse sur le marché. Pendant les périodes où les fluctuations de change futures ne sont pas claires, les options peuvent aider les sociétés à composer avec la volatilité à court terme sans s’engager à maintenir une position fixe. »
La stratégie de couverture choisie par une société dépend de ses circonstances particulières. Mais, selon Mme Petti, dans le contexte actuel, ne rien faire n’est pas une option.
« Mon meilleur conseil est de faire quelque chose, a déclaré Mme Petti. « Ce n’est pas le type de marché où l’on veut rester sur la touche en attendant de voir ce qui se passera, parce qu’avant de le savoir, on sera du mauvais côté du marché en espérant avoir été plus proactif. Le point le plus important est de ne pas laisser la société entièrement exposée à un effet défavorable sur sa rentabilité qu’elle aurait autrement pu contenir. »
Établir une politique relative à la gestion des risques
Pour les sociétés qui n’avaient pas de couverture dans le passé, Mme Petti recommande d’établir une politique relative à la gestion des risques. Elle doit décrire les objectifs d’un programme de couverture, déterminer les expositions potentielles au risque ainsi que la tolérance au risque de la société. De plus, il est important d’appliquer vos stratégies de façon uniforme.
« Trop souvent, je vois des sociétés faire une pause instinctive dans leurs programmes de couverture lorsqu’elles se trouvent en position négative à la valeur du marché, puis rater des occasions de se stabiliser au moment où le marché est le plus favorable pour elles, » a déclaré Mme Petti. « Il est important de se rappeler que la couverture est une stratégie à long terme et qu’elle ne devrait pas être influencée par le bruit à court terme, surtout dans ce type d’environnement où les niveaux d’incertitude sont aussi élevés. Une approche uniforme contribuera à assurer l’efficacité globale du programme de gestion des risques de la société. »
Principaux points à retenir
Comme l’a dit Dean Gillis dans sa conclusion, dans un contexte aussi fluide, il est essentiel de travailler en étroite collaboration avec votre partenaire bancaire pour analyser les structures de couverture de change et de taux d’intérêt qui correspondent à vos objectifs et à votre tolérance au risque. De plus, le fait de consulter d’autres partenaires et conseillers clés, dont des organismes gouvernementaux et des associations sectorielles, peut vous aider à vous tenir au courant de la politique économique et de la réaction de vos pairs.
À cette fin, Mmes Lee et Petti ont présenté leurs trois points clés à retenir sur la gestion de l’incertitude actuelle en matière de politique économique.
Lee :
Attendez-vous à des imprévus
Ne partez pas du principe que la politique commerciale des États-Unis changera d’une administration à l’autre.
La résilience peut être mise à mal. « L’économie américaine a été très résiliente ces dernières années. « Même si l’économie se porte très bien, je crains que cette résilience ne s’estompe l’année prochaine ou au cours des deux prochaines années. »
Petti :
Préparez-vous à des niveaux élevés d’incertitude et de volatilité des marchés
La gestion des risques est essentielle.
Réévaluez vos stratégies de couverture et envisagez de faire des ajustements.