Darryl White et Ian Bremmer parlent de l’importance de la relation canado-américaine
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Darryl White et Ian Bremmer se sont réunis pour discuter de l’importance de la relation canado-américaine et des occasions qu’ils voient à court et à long terme.
Kim Hanson :
Excellent. Merci. Bonjour à tous. J’ai la chance d’être en compagnie de Ian Bremmer, président et fondateur du groupe Eurasia et de GZERO Media, et de Darryl White, chef de la direction de BMO, à la First Canadian Place, à Toronto. Aujourd’hui, nous discuterons des occasions que les États-Unis et le Canada peuvent saisir et des défis qu’ils doivent relever pour naviguer dans les méandres de l’une des relations géopolitiques les plus développées au monde.
Face à un avenir aussi prometteur et à un monde en pleine mutation, j’ai hâte de discuter des enseignements à tirer de la voie que nos deux pays suivront. Alors, commençons. Darryl, la relation entre le Canada et les États-Unis est prête pour une croissance à long terme. Quelles occasions entrevoyez-vous à court et à long terme, compte tenu de la relation privilégiée entre nos deux pays?
Darryl White :
Je crois qu’il y a plusieurs occasions à saisir et que le moment est très opportun. Vous évoquez la relation entre le Canada et les États-Unis et comme je l’ai déjà dit, je pense qu’il s’agit de la relation bilatérale la plus fructueuse de la planète. Pourtant, nous n’en parlons pas beaucoup, n’est-ce pas?
Par ailleurs, ce n’est pas parce que nous n’en parlons pas que tout est toujours rose. Comme nous l’avons déjà dit, les meilleures relations requièrent de l’entretien. Je crois que si nous nous en occupons bien, les occasions à long terme seront vraiment importantes pour la chaîne d’approvisionnement et pour l’avantage que les économies nord-américaines devraient avoir dans un monde en pleine réorganisation.
Si l’on va plus loin et que l’on s’intéresse aux minéraux essentiels dont nous disposons en abondance ici, je pense que les occasions sont immenses, tant à long terme qu’à court terme. Nous devons penser aux changements qui pourraient s’opérer sous nos yeux, et pas seulement dans un avenir lointain. Après tout, il y aura des élections dans nos deux pays au cours de l’année et demie à venir.
Plusieurs scénarios sont donc possibles. Il y a aussi la revue de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM)… voilà, la table est mise. Je crois que l’Amérique du Nord, le Canada et les États-Unis ont une réelle occasion à saisir, et nous ne devons pas la gâcher.
Kim Hanson :
Merci. Nous avons hâte de nous plonger plus avant dans les nouvelles occasions du marché, Darryl. Passons maintenant à Ian, aux négociations commerciales et à l’élection présidentielle. Même entre les amis les plus proches, les négociations commerciales entre les États-Unis et le Canada abondent en intérêts divergents. Les négociations qui approchent à grands pas seront cruciales au maintien de notre position de leader mondial et de notre qualité de vie élevée. Certes, cette revue de l’accord en 2026 semble loin, mais entre-temps, avec les élections présidentielles américaines et les élections fédérales canadiennes, faire montre de complaisance équivaut à faire du somnambulisme. Comme vous l’avez si bien dit. Qu’en pensez-vous? Quelle serait la réponse d’un président Biden ou d’un président Trump?
Ian Bremmer :
Je voudrais tout d’abord renchérir sur ce que Darryl vient de dire, à savoir que la relation entre les États-Unis et le Canada est l’une des plus importantes, amicales et fonctionnelles sur la scène géopolitique actuelle. Cependant, nous assistons à l’érosion de nos institutions politiques aux États-Unis et partout dans le monde, et elles s’érodent parce qu’elles ne sont pas entretenues.
Aucun effort n’est consenti en leur faveur. Je crois que Darryl et moi sommes tous deux déterminés à œuvrer en faveur de la relation entre les États-Unis et le Canada. Nous ne pouvons pas dormir au gaz. Nous devons nous assurer que, nous, hauts dirigeants politiques et économiques, dialoguons les uns avec les autres afin d’accroître notre résilience en cas de difficultés.
L’une de ces difficultés, qui dépasse de loin les élections canadiennes, est l’élection américaine, à savoir si c’est Biden ou Trump qui l’emportera.
Kim Hanson :
Les États-Unis et le Canada entretiennent l’une des relations commerciales bilatérales les plus importantes au monde. Si l’on envisage de nouveaux marchés dans ce contexte, qu’en est-il des minéraux essentiels et des occasions d’affaires susceptibles de découler des nouvelles formes de matériaux?
Darryl White :
En ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement en général, que ce soit en raison des chaînes d’approvisionnement mondiales ou de la démarche de décarbonisation que nos clients envisagent, qu’ils soient une entreprise ou un particulier, il est évident que les minéraux essentiels devront être les matériaux sur lesquels s’appuiera cette démarche.
Chaînes d’approvisionnement et décarbonisation… Quand nous considérons les occasions qui s’offrent à nous en Amérique du Nord, nous constatons qu’elles sont nombreuses. Nous en avons beaucoup au Canada et aux États-Unis. Qu’il s’agisse du lithium, du cobalt, du cuivre ou de n’importe quel autre minéral rare, nous voici dans la chaîne d’approvisionnement des batteries, ce qui représente une véritable occasion pour l’Amérique du Nord. Je dirais que les investisseurs voient clairement l’occasion qui s’offre à eux, et qu’il faudra beaucoup de capital pour parvenir à une thèse de rendement. Mais je pense que ce qui manque, c’est un cadre général. Nous n’avons pas de cadre général pour aider les investisseurs à comprendre comment nous allons attirer ces capitaux avec une certaine certitude quant aux délais de développement, ce qui, selon moi, est la question sur laquelle nous devrions nous concentrer.
Kim Hanson :
Merci. Darryl, je crois que vous venez de mentionner les batteries. J’aimerais que nous nous étendions un peu sur le sujet. Qu’en est-il des batteries dans le secteur de l’automobile en Amérique du Nord?
Darryl White :
Oui. Eh bien, les batteries sont dépendantes des minéraux essentiels. Il y aura un besoin croissant de batteries au fil du temps. Mais je crois que le problème, c’est qu’il y a de très grands écarts dans les délais de développement. Si l’on regarde ce que fait Tesla au Texas, on peut construire une énorme méga-usine en moins de deux ans, ou en un an en Chine, comme c’est le cas en ce moment.
Comme vous le savez, le secteur des métaux et des mines est très important pour nous, à BMO. Nous avons l’un des engagements les plus notables à cet égard sur la planète. Et lorsque nous avons réuni tous nos clients, promoteurs, prospecteurs, explorateurs et investisseurs, ils nous ont dit que nous avions un horizon de 15 ans, entre le début et la mise en place d’une infrastructure complète pour développer les minéraux essentiels. Et je répète, on parle d’un an ou deux pour l’usine de batteries. L’élan est réel pour aller de l’avant, et ce, très rapidement, quant à la chaîne d’approvisionnement des minéraux essentiels.
Kim Hanson :
C’est excellent, Darryl, merci beaucoup. Ian, passons à l’espace géopolitique. Cette année, environ la moitié du monde est appelé aux urnes. Selon vous, quel est l’état actuel de la démocratie et qu’est-ce que cela signifie pour les États-Unis et le Canada?
Ian Bremmer :
Elle est plus faible qu’elle ne l’a été depuis longtemps. Et, effectivement, il y a beaucoup d’élections partout dans le monde. Presque toutes les démocraties sont considérées comme libres et justes par leur population. On vient d’avoir des élections en Inde. Près de 1,5 milliard de personnes ont fait une transition, ce n’était pas le vote que souhaitait le premier ministre Modi.
Pourtant, libre et juste. En Indonésie, 120 millions de personnes ont voté en une journée. Libre et juste. L’Afrique du Sud, l’Union européenne, ses parlements, le Mexique, et on pourrait continuer… Un problème : les États-Unis. C’est un pays sur lequel le Canada compte, vous savez, et avec lequel il interagit. C’est très, très important. Il est important pour le Canada de redoubler d’efforts en matière de leadership et d’engagement au sein d’institutions multilatérales dirigées aux États-Unis pour assurer leur stabilité et leur sécurité et pour veiller à ce que les États-Unis aient autour d’eux des amis qui sont constants et engagés envers ces institutions.
Au moment où les États-Unis songent à changer de cap, n’est-ce pas? Qu’il s’agisse de l’OTAN, de l’OMC ou des Nations Unies, la nécessité pour le Canada d’être présent et engagé auprès de toutes ces organisations ne cesse de croître. La relation du Canada dans cette ère industrialisée est de plus en plus incertaine. Et ce n’est pas comme si le Canada pouvait se couvrir. Ce n’est pas comme s’il y avait d’autres pays qui pouvaient prendre la place des États-Unis pour le Canada. C’est impossible. Nous sommes mariés, n’est-ce pas? Pour le meilleur et pour le pire. Les Canadiens doivent donc se préparer à de véritables défis en matière de démocratie aux États-Unis.
Kim Hanson :
Ian, je reste avec vous encore une minute. Bien que les États-Unis et le Canada aient été en mesure d’accroître le commerce et de collaborer étroitement dans l’ensemble de l’espace géopolitique, certains des pires conflits de l’histoire récente se déroulent entre voisins. Qu’est-ce que vous voyez et quelle en est l’incidence sur l’Ouest?
Ian Bremmer : La réalité, c’est qu’aucune des grandes guerres que nous voyons dans le monde aujourd’hui et qui touchent les marchés, en particulier en Europe, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et au Moyen-Orient, avec la guerre à Gaza commencée le 7 octobre, n’a été considérablement réfrénée par l’Occident. La seule relation importante qui est mieux gérée est la relation entre les États-Unis et la Chine, au sein de laquelle il n’y a pas beaucoup de confiance. Néanmoins, pour différentes raisons, les deux parties croient que cette relation nécessite du temps et des efforts, car les autres options sont problématiques pour leur propre sécurité nationale et leur propre économie. Donc, à cet égard, nous avons plus de stabilité. Mais cette stabilité est un déclin géré.
Kim Hanson :
Merci pour vos réflexions. Darryl, avant de conclure, il s’agit de notre deuxième sommet annuel Canada–États-Unis. Qu’espérez-vous retirer de l’événement de cette année?
Darryl White :
Il faut s’occuper de l’avantage nord-américain en matière d’investissement. Et c’est ce que nous encourageons grâce à ce sommet. Nous avons des gens des deux pays. Nous avons réuni des gens du gouvernement, des gens d’affaires et des analystes experts de partout dans le monde afin de pouvoir insister beaucoup sur ce point, c’est-à-dire que nous savons vraiment qui sont nos amis, mais que nous savons aussi que nous devons investir dans ces programmes au moment où nous allons de l’avant dans un monde en évolution.
Kim Hanson :
Merci, Darryl. Merci, Ian. BMO est fier de collaborer avec le groupe Eurasia pour l’organisation de son deuxième sommet annuel Canada–États-Unis
Darryl White est chef de la direction de BMO, la huitième banque en importance pour son actif en Amérique du Nord servant plus de 13 million…(..)
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