Tous les regards sont fixés sur le Canada après la dévaluation de la note de crédit des États-Unis
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La décision de l’agence de notation Fitch d’abaisser la note de crédit des États-Unis d’AAA à AA+ a surpris, tout en n’étant pas une surprise. Il est inutile d’être un partisan déchaîné d’une approche budgétaire stricte pour se rendre compte qu’afficher des déficits excédant 8 % du PIB, au sommet d’un cycle d’affaires, n’est pas ce qu’il y a de plus prudent. Fitch a noté un certain nombre de facteurs qui justifient sa décision, notamment l’érosion de la gouvernance, la hausse des déficits, l’augmentation du fardeau de la dette et les défis à moyen terme qui ne sont toujours pas réglés. Une question a été soulevée : quelles sont les conséquences pour le Canada? Fitch a déjà abaissé la note de crédit du Canada à AA+ au plus fort de la pandémie en 2020, tandis que les trois autres grandes agences de notation lui accordent toujours une note triple A avec des perspectives stables. En termes absolus, les partisans d’une approche stricte sur le plan budgétaire ont été un peu mal à l’aise au Canada à cause des mesures de soutien à grande échelle mises en place pendant la pandémie, du flux continu de nouvelles dépenses liées à des programmes et de l’augmentation du fardeau fiscal. Cependant, en termes relatifs, le Canada a l’air tout à fait responsable lorsqu’on le compare à la performance des États-Unis. La gouvernance demeure un problème aux États-Unis, comme en témoigne la récente impasse entourant le plafond de la dette. L’accord conclu pour suspendre le plafond de la dette jusqu’en janvier 2025 est considéré par beaucoup comme un moyen de reporter le problème, encore une fois. En effet, la baisse initiale de la cote de crédit américaine par S&P en 2011 était également axée sur une impasse sur la limite de la dette. Au Canada, il n’existe pas de limite d’emprunt aussi explicite, de sorte que la plupart des problèmes de gouvernance tournent autour du contrôle des partis et de leur aptitude à former et à maintenir un gouvernement. Au sein du gouvernement minoritaire actuel, les libéraux ont l’appui du NPD jusqu’en 2025, ce qui a contribué à rendre la politique prévisible.
Si l’on examine le cœur du problème, les déficits et les dépenses de relance au Canada restent dérisoires par rapport à ce qui se passe au sud de la frontière. Ne vous méprenez pas : les politiques adoptées récemment à Ottawa sont entièrement axées sur une augmentation des dépenses de programmes, une légère hausse des impôts et des déficits persistants. En fait, au cours des 12 derniers mois, les dépenses des programmes fédéraux ont connu une impressionnante augmentation de 31 % par rapport aux niveaux d’avant la COVID-19, même si les mesures de répit temporaires ont été supprimées, soit deux points de pourcentage de plus que le pourcentage du PIB. Mais, encore une fois, tout est relatif : les dépenses autres que d’intérêts des États-Unis dépassent aujourd’hui de plus de 40 % les niveaux d’avant la COVID-19. Bien que le Canada ait été l’un des grands dépensiers tout au long de la pandémie au moyen de divers programmes de soutien, les États-Unis ont mis en place un programme encore plus énergique qui s’est poursuivi cette année. Les mesures de relance prévues dans le budget de 2023, la réponse du Canada à la loi Inflation Reduction Act of 2022 des États-Unis, ont totalisé 43 milliards de dollars sur six ans, soit environ 0,2 % du PIB par année — ce qui est important du point de vue du déficit, mais minime en comparaison. En effet, le déficit budgétaire du Canada devrait diminuer graduellement, en passant de 1,4 % du PIB cette année à 0,4 % d’ici l’exercice financier de 2027-2028. Même si la réticence d’Ottawa à présenter un budget équilibré soit une critique persistante des partisans du sérieux budgétaires, la réalité est que les insuffisances demeurent gérables.
Entre-temps, le fardeau de la dette du Canada s’est considérablement alourdi ces dernières années, le gouvernement fédéral ayant absorbé la grande majorité des dépenses et des emprunts liés à la pandémie.Toutefois, en termes relatifs, le fardeau du Canada reste faible; à 43,5 %, le ratio dette fédérale/PIB devrait atteindre un sommet cette année avant de passer sous la barre de 40 % pour l’exercice 2027-2028.
Les frais d’intérêt augmentent graduellement, comme c’est le cas dans le monde entier, ce qui aura probablement un impact sur les dépenses de programmes discrétionnaires, mais le point de départ est un taux favorable de 8 % des revenus. Le Canada se situait au-dessus de 30 % lorsqu’il a fait face à des baisses de cote de crédit généralisées au début des années 1990. Parallèlement, les budgets des gouvernements provinciaux sont largement équilibrés et la dette nette combinée des provinces est passée sous la barre de 30 % du PIB. Malgré les pressions continues exercées pour augmenter les transferts fédéraux-provinciaux dans des domaines comme la santé, nous pensons que la situation budgétaire des provinces est telle qu’elle ne devrait pas nécessiter un soutien fédéral imprévisible dans un avenir proche. Enfin, Fitch souligne des tensions à moyen terme dans des domaines comme le financement de la sécurité sociale américaine, qui devrait être épuisé d’ici 2033. Le Canada n’est pas aux prises avec ces mêmes tensions, en partie à cause des hausses graduelles des taux de cotisation.
Dans l’ensemble, nous n’irions pas jusqu’à dire que tout est rose au Canada sur le plan budgétaire, surtout lorsque le désir de dépenser et d’accumuler des déficits se heurte à un environnement de taux d’intérêt élevés. Cependant, sur une base relative, les États-Unis mettent la barre assez bas lorsque vient le temps de se comparer avec eux.
Passez en revue les renseignements importants(en englais seulement).
Robert Kavcic s’est joint à la Banque de Montréal en 2006. Il joue un rôle clé dans l’analyse des tendances économique…(..)
Voir le profil complet >La décision de l’agence de notation Fitch d’abaisser la note de crédit des États-Unis d’AAA à AA+ a surpris, tout en n’étant pas une surprise. Il est inutile d’être un partisan déchaîné d’une approche budgétaire stricte pour se rendre compte qu’afficher des déficits excédant 8 % du PIB, au sommet d’un cycle d’affaires, n’est pas ce qu’il y a de plus prudent. Fitch a noté un certain nombre de facteurs qui justifient sa décision, notamment l’érosion de la gouvernance, la hausse des déficits, l’augmentation du fardeau de la dette et les défis à moyen terme qui ne sont toujours pas réglés. Une question a été soulevée : quelles sont les conséquences pour le Canada? Fitch a déjà abaissé la note de crédit du Canada à AA+ au plus fort de la pandémie en 2020, tandis que les trois autres grandes agences de notation lui accordent toujours une note triple A avec des perspectives stables. En termes absolus, les partisans d’une approche stricte sur le plan budgétaire ont été un peu mal à l’aise au Canada à cause des mesures de soutien à grande échelle mises en place pendant la pandémie, du flux continu de nouvelles dépenses liées à des programmes et de l’augmentation du fardeau fiscal. Cependant, en termes relatifs, le Canada a l’air tout à fait responsable lorsqu’on le compare à la performance des États-Unis. La gouvernance demeure un problème aux États-Unis, comme en témoigne la récente impasse entourant le plafond de la dette. L’accord conclu pour suspendre le plafond de la dette jusqu’en janvier 2025 est considéré par beaucoup comme un moyen de reporter le problème, encore une fois. En effet, la baisse initiale de la cote de crédit américaine par S&P en 2011 était également axée sur une impasse sur la limite de la dette. Au Canada, il n’existe pas de limite d’emprunt aussi explicite, de sorte que la plupart des problèmes de gouvernance tournent autour du contrôle des partis et de leur aptitude à former et à maintenir un gouvernement. Au sein du gouvernement minoritaire actuel, les libéraux ont l’appui du NPD jusqu’en 2025, ce qui a contribué à rendre la politique prévisible.
Si l’on examine le cœur du problème, les déficits et les dépenses de relance au Canada restent dérisoires par rapport à ce qui se passe au sud de la frontière. Ne vous méprenez pas : les politiques adoptées récemment à Ottawa sont entièrement axées sur une augmentation des dépenses de programmes, une légère hausse des impôts et des déficits persistants. En fait, au cours des 12 derniers mois, les dépenses des programmes fédéraux ont connu une impressionnante augmentation de 31 % par rapport aux niveaux d’avant la COVID-19, même si les mesures de répit temporaires ont été supprimées, soit deux points de pourcentage de plus que le pourcentage du PIB. Mais, encore une fois, tout est relatif : les dépenses autres que d’intérêts des États-Unis dépassent aujourd’hui de plus de 40 % les niveaux d’avant la COVID-19. Bien que le Canada ait été l’un des grands dépensiers tout au long de la pandémie au moyen de divers programmes de soutien, les États-Unis ont mis en place un programme encore plus énergique qui s’est poursuivi cette année. Les mesures de relance prévues dans le budget de 2023, la réponse du Canada à la loi Inflation Reduction Act of 2022 des États-Unis, ont totalisé 43 milliards de dollars sur six ans, soit environ 0,2 % du PIB par année — ce qui est important du point de vue du déficit, mais minime en comparaison. En effet, le déficit budgétaire du Canada devrait diminuer graduellement, en passant de 1,4 % du PIB cette année à 0,4 % d’ici l’exercice financier de 2027-2028. Même si la réticence d’Ottawa à présenter un budget équilibré soit une critique persistante des partisans du sérieux budgétaires, la réalité est que les insuffisances demeurent gérables.
Entre-temps, le fardeau de la dette du Canada s’est considérablement alourdi ces dernières années, le gouvernement fédéral ayant absorbé la grande majorité des dépenses et des emprunts liés à la pandémie.Toutefois, en termes relatifs, le fardeau du Canada reste faible; à 43,5 %, le ratio dette fédérale/PIB devrait atteindre un sommet cette année avant de passer sous la barre de 40 % pour l’exercice 2027-2028.
Les frais d’intérêt augmentent graduellement, comme c’est le cas dans le monde entier, ce qui aura probablement un impact sur les dépenses de programmes discrétionnaires, mais le point de départ est un taux favorable de 8 % des revenus. Le Canada se situait au-dessus de 30 % lorsqu’il a fait face à des baisses de cote de crédit généralisées au début des années 1990. Parallèlement, les budgets des gouvernements provinciaux sont largement équilibrés et la dette nette combinée des provinces est passée sous la barre de 30 % du PIB. Malgré les pressions continues exercées pour augmenter les transferts fédéraux-provinciaux dans des domaines comme la santé, nous pensons que la situation budgétaire des provinces est telle qu’elle ne devrait pas nécessiter un soutien fédéral imprévisible dans un avenir proche. Enfin, Fitch souligne des tensions à moyen terme dans des domaines comme le financement de la sécurité sociale américaine, qui devrait être épuisé d’ici 2033. Le Canada n’est pas aux prises avec ces mêmes tensions, en partie à cause des hausses graduelles des taux de cotisation.
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