Perspectives mondiales pour 2023 : Certains l’aiment froid
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L’inflation la plus élevée depuis quatre décennies et la réaction énergique des banques centrales face à ce phénomène ont été les facteurs dominants de l’économie cette année. Mais il ne faut pas oublier le contexte de croissance, qui contribuera à déterminer la direction que prendra l’inflation. Quelque chose de curieux se produit à l’approche de la fin d’une année 2022 tumultueuse : les prévisions de croissance pour l’année sont revues à la hausse pour de nombreuses économies clés. En fait, une fois la poussière retombée, il semble maintenant que la croissance du PIB réel mondial sera assez proche de sa moyenne à long terme, soit un peu plus de 3 % pour l’année. Il s’agit d’une baisse par rapport au rebond crépitant de 6 % de l’année dernière (après le plongeon de 3 % provoqué par la COVID-19 en 2020), mais c’est encore environ un demi-point de plus que prévu vers le milieu de l’année, avec des mises à niveau d’économies aussi diversifiées que celles des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la zone euro et, oui, de la Russie. La série des hausses de taux de 50 pdb décrétées par de nombreuses grandes banques centrales cette semaine a un peu éclipsé le fait que la BCE et la Fed ont révisé à la hausse leur point de vue sur le taux de croissance de cette année pour leurs économies respectives.
Pourtant, malgré ce résultat légèrement plus optimiste, l’année 2022 doit encore être considérée comme décevante, surtout par rapport aux attentes de croissance du début de l’année. À ce moment-là, la perspective d’une réouverture plus complète dans les secteurs du tourisme, des voyages et du divertissement laissait entrevoir un autre retour en force de l’activité mondiale. Nous avons en effet eu la réouverture – qui a peut-être été mise en relief par les foules importantes et tapageuses de la Coupe du Monde au Qatar, ce mois-ci – et les dépenses de services ont rebondi. Cependant, la croissance a été freinée par les mesures roulantes de confinement en Chine, la guerre en Ukraine, la hausse généralisée de l’inflation et des taux d’intérêt ainsi que la pénurie de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs des services.
Bien entendu, au-delà d’une croissance plus poussive que prévu dans la plupart des régions du monde, on peut dire que l’année a été difficile pour les marchés financiers. Le rajustement des taux d’intérêt a transformé la première « remontée de tout » en à peu près une « vente de tout », avec des rendements négatifs à deux chiffres des actions et des obligations, ainsi qu’un recul marqué de l’immobilier, des cryptomonnaies et même des métaux. Pour vous donner une idée de la difficulté des marchés, au cours des 50 dernières années, il n’y en a pas eu une seule où l’indice S&P 500 et les obligations du Trésor à 10 ans ont enregistré des rendements totaux négatifs pendant la même année, et encore moins des baisses de plus de 10 %. Pour les deux, une remontée au quatrième trimestre atténuera les effets néfastes de l’ensemble de l’année – à leur taux de rendement actuel de 3,5 %, les obligations à 10 ans sont en baisse d’environ 75 pdb par rapport à leur sommet d’octobre. Cependant, après le message vigoureux du FOMC cette semaine, l’indice S&P 500 a reculé de près de 20 % par rapport au sommet atteint le tout premier jour de bourse de 2022.
La faiblesse des marchés boursiers et l’inversion marquée de la courbe des taux de cette année envoient certainement un message inquiétant pour les perspectives de croissance de l’an prochain. En opposition complète à ce qui se passait il y a un an, les attentes sont presque uniformément à la baisse en matière de croissance pour l’année à venir. Il est presque acquis que les économies nord-américaine et européenne seront aux prises avec une récession en 2023 : une récession modérée ou superficielle pour la première et peut-être beaucoup plus grave pour la seconde. Nous ne nous opposons pas au consensus quant à ces prévisions, puisqu’aucune croissance n’est prévue aux États-Unis, au Canada et dans la zone euro, alors que l’économie de la Grande-Bretagne est carrément en baisse, ce qui réduit la croissance mondiale à environ 2,25 %. Pendant la période de l’après-guerre, il n’y a eu que trois autres épisodes où la Fed a resserré ses taux d’au moins 400 pdb en l’espace de un an, et où l’économie américaine s’est à chaque fois embourbée dans une récession complète dans l’année. L’augmentation de cette semaine a porté la hausse cumulative à 425 pdb, et la Fed n’en a pas terminé. Si cette pondération n’est pas assez impressionnante, l’indicateur avancé a reculé huit mois de suite et il est compatible avec au moins un repli superficiel.
Cependant, ce cycle ne ressemble à aucun autre avant lui, et certains facteurs particuliers atténueront l’impact des hausses de taux énergiques par les banques centrales. Premièrement, les bilans des ménages et des entreprises restent généralement sains, comme en témoigne la persistance de l’épargne à la suite de la pandémie. Deuxièmement, il y a encore une demande refoulée pour des articles qui n’ont pas été accessibles au cours des trois dernières années : des véhicules, des voyages, des billets de Taylor Swift. Troisièmement, la demande pour des travailleurs est encore très forte dans certains secteurs, notamment l’hôtellerie, la construction et la santé. En partie en raison de ce dernier facteur, mais aussi en raison de la démographie (la soi-disant « vague grise »), nous nous attendons à une hausse beaucoup plus modérée du taux de chômage que lors d’une récession normale – de 3,7 % à environ 5 % à la fin de 2023 aux États-Unis.
Si l’on fait le tri entre ces divers facteurs, il existe encore des chances raisonnables que l’économie nord-américaine puisse traverser ces moments difficiles sans carrément plonger en ralentissement. Si les prix de l’énergie continuent de baisser, si les pressions sur la chaîne d’approvisionnement s’atténuent davantage et que l’inflation recule plus vite que prévu, les banques centrales pourraient ralentir les hausses de taux assez rapidement. Nous donnons des chances d’environ 25 % à 30 % à un atterrissage en douceur. Malheureusement, il y a aussi beaucoup de risques que la situation se révèle bien pire que ce que nous prévoyons, à cause des importants risques géopolitiques et de la menace persistante d’une hausse des prix de l’énergie ou des aliments qui mèneraient à des hausses de taux encore plus énergiques. Nous attribuons des chances d’environ 20 % à 25 % à un atterrissage très difficile. Nos prévisions de repli superficiel sont juste au milieu, avec une probabilité d’environ 50 %.
En 2023, la deuxième économie du monde ira encore une fois à contre-courant des tendances mondiales. Nous nous attendons à ce que la réouverture et l’assouplissement modéré des politiques budgétaires et monétaires stimulent légèrement la croissance en Chine et la fassent passer d’un rythme lent de 3,0 % en 2022 à environ 4,5 % l’an prochain. Même si certains sont encore plus optimistes, en raison de la perspective d’un rebond des dépenses intérieures, nous nous attendons à ce que le contexte extérieur, plus frais, freine la reprise. Cette semaine, la production industrielle a ralenti à seulement 2,2 % sur 12 mois en novembre, tandis que les exportations ont lourdement chuté de 8,7 % sur 12 mois en dollars américains. Cependant, la Chine affiche également le taux d’inflation le plus bas parmi les grandes économies, à moins de 2 %, ce qui lui donne la marge de manœuvre nécessaire pour assouplir ses politiques et soutenir la croissance. Les dépenses intérieures pourraient bénéficier d’un certain soutien, puisque les ventes au détail ont chuté de 5,9 % sur 12 mois le mois dernier, tandis que les difficultés du secteur de l’immobilier se poursuivent sans relâche.
Une légère reprise de l’activité prévue en Chine offre des perspectives nuancées pour les marchés des produits de base en 2023 et compensera quelque peu la faiblesse qui règne dans une grande partie du reste du monde. Alors que les prix de l’énergie ont baissé pendant la majeure partie des six derniers mois, certains prix des métaux allaient dans le sens inverse, le prix du cuivre ayant rebondi de 15 % par rapport à ses creux estivaux. On s’attend à ce que le dollar américain perde encore un peu de sa hauteur l’an prochain, ce qui constituera un filet de sécurité pour les prix des produits de base dans un contexte par ailleurs difficile. Dans l’ensemble, nous sommes prudemment optimistes à l’égard des produits de base, car les prix du pétrole et du gaz ne devraient être que légèrement inférieurs aux moyennes élevées de cette année en 2023.
Pour le Canada, des prix des ressources fermes et un taux de change concurrentiel, ainsi qu’une épargne qui est toujours importante, atténueront le choc provoqué par la hausse rapide des coûts d’emprunt. À l’instar des États-Unis, la hausse cumulative de 400 pdb des taux d’intérêt de la Banque du Canada a rarement été égalée dans l’après-guerre, même si elle a été observée au milieu des années 1990 sans récession. (Les fluctuations brutales des taux d’intérêt canadiens au cours des 20 dernières années ont apparemment immunisé l’économie nationale contre de tels chocs.) De plus, et au grand dam de nombreux économistes, la politique budgétaire privilégie généralement la croissance, presque toutes les provinces distribuant des chèques. Une forte croissance de la population de 1,5 % ou plus aplatira les dépenses de consommation.
Néanmoins, au Canada, le poids lourd qu’est l’important secteur de l’habitation et la dette démesurée des consommateurs contrebalanceront ces effets positifs relatifs. Malgré la correction abrupte de l’année dernière, qui a vu les ventes de logements chuter de près de 40 % et les prix chuter de plus de 10 %, les investissements dans le secteur résidentiel représentent toujours près de 7 % du PIB canadien, contre un peu plus de 3 % pour les États. Et la construction résidentielle a tout juste commencé à réagir à l’inversion abrupte du marché de la revente, les mises en chantier (265 000 cette année) étant à peine inférieures aux 271 000 de l’an dernier. Entre-temps, les quelque 40 % de la population lourdement endettée (à un niveau record de 182 % du revenu disponible) seront de plus en plus malmenés à mesure que les prêts hypothécaires arriveront à échéance. Par conséquent, nous nous attendons à ce que la croissance canadienne ralentisse rapidement l’année prochaine, en passant de la solide progression de 3,5 % de cette année (nous nous attendions à 4,0 % il y a un an) à une croissance nulle en 2023, entrecoupé peut-être par quelques trimestres négatifs.
En conclusion, la seule raison pour laquelle nous parlons d’une récession est l’inflation galopante et les remèdes difficiles qui sont nécessaires pour la contrer. Au bout du compte, la politique monétaire est toujours efficace, et le ralentissement est clairement provoqué par celle-ci. La meilleure nouvelle pour l’économie et les marchés financiers serait que cette politique fonctionne assez rapidement et que l’inflation recule plus vite que prévu, ce qui augmenterait considérablement les chances d’un scénario plus anodin. Nous devrions avoir une bonne idée de la situation d’ici le printemps. Fondamentalement, nous restons un peu plus préoccupés que le consensus quant à la poursuite de l’inflation sous-jacente, et nous pourrions donc qualifier nos prévisions pour 2023 en Amérique du Nord de légèrement inférieures au consensus quant à la croissance et supérieures quant à l’inflation.
Douglas Porter
Économiste en chef et directeur général
416-359-4887
Douglas Porter possède plus de 30 ans d’expérience dans l’analyse des économies et des marchés financiers mondiaux. Comme &e…(..)
Voir le profil complet >L’inflation la plus élevée depuis quatre décennies et la réaction énergique des banques centrales face à ce phénomène ont été les facteurs dominants de l’économie cette année. Mais il ne faut pas oublier le contexte de croissance, qui contribuera à déterminer la direction que prendra l’inflation. Quelque chose de curieux se produit à l’approche de la fin d’une année 2022 tumultueuse : les prévisions de croissance pour l’année sont revues à la hausse pour de nombreuses économies clés. En fait, une fois la poussière retombée, il semble maintenant que la croissance du PIB réel mondial sera assez proche de sa moyenne à long terme, soit un peu plus de 3 % pour l’année. Il s’agit d’une baisse par rapport au rebond crépitant de 6 % de l’année dernière (après le plongeon de 3 % provoqué par la COVID-19 en 2020), mais c’est encore environ un demi-point de plus que prévu vers le milieu de l’année, avec des mises à niveau d’économies aussi diversifiées que celles des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la zone euro et, oui, de la Russie. La série des hausses de taux de 50 pdb décrétées par de nombreuses grandes banques centrales cette semaine a un peu éclipsé le fait que la BCE et la Fed ont révisé à la hausse leur point de vue sur le taux de croissance de cette année pour leurs économies respectives.
Pourtant, malgré ce résultat légèrement plus optimiste, l’année 2022 doit encore être considérée comme décevante, surtout par rapport aux attentes de croissance du début de l’année. À ce moment-là, la perspective d’une réouverture plus complète dans les secteurs du tourisme, des voyages et du divertissement laissait entrevoir un autre retour en force de l’activité mondiale. Nous avons en effet eu la réouverture – qui a peut-être été mise en relief par les foules importantes et tapageuses de la Coupe du Monde au Qatar, ce mois-ci – et les dépenses de services ont rebondi. Cependant, la croissance a été freinée par les mesures roulantes de confinement en Chine, la guerre en Ukraine, la hausse généralisée de l’inflation et des taux d’intérêt ainsi que la pénurie de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs des services.
Bien entendu, au-delà d’une croissance plus poussive que prévu dans la plupart des régions du monde, on peut dire que l’année a été difficile pour les marchés financiers. Le rajustement des taux d’intérêt a transformé la première « remontée de tout » en à peu près une « vente de tout », avec des rendements négatifs à deux chiffres des actions et des obligations, ainsi qu’un recul marqué de l’immobilier, des cryptomonnaies et même des métaux. Pour vous donner une idée de la difficulté des marchés, au cours des 50 dernières années, il n’y en a pas eu une seule où l’indice S&P 500 et les obligations du Trésor à 10 ans ont enregistré des rendements totaux négatifs pendant la même année, et encore moins des baisses de plus de 10 %. Pour les deux, une remontée au quatrième trimestre atténuera les effets néfastes de l’ensemble de l’année – à leur taux de rendement actuel de 3,5 %, les obligations à 10 ans sont en baisse d’environ 75 pdb par rapport à leur sommet d’octobre. Cependant, après le message vigoureux du FOMC cette semaine, l’indice S&P 500 a reculé de près de 20 % par rapport au sommet atteint le tout premier jour de bourse de 2022.
La faiblesse des marchés boursiers et l’inversion marquée de la courbe des taux de cette année envoient certainement un message inquiétant pour les perspectives de croissance de l’an prochain. En opposition complète à ce qui se passait il y a un an, les attentes sont presque uniformément à la baisse en matière de croissance pour l’année à venir. Il est presque acquis que les économies nord-américaine et européenne seront aux prises avec une récession en 2023 : une récession modérée ou superficielle pour la première et peut-être beaucoup plus grave pour la seconde. Nous ne nous opposons pas au consensus quant à ces prévisions, puisqu’aucune croissance n’est prévue aux États-Unis, au Canada et dans la zone euro, alors que l’économie de la Grande-Bretagne est carrément en baisse, ce qui réduit la croissance mondiale à environ 2,25 %. Pendant la période de l’après-guerre, il n’y a eu que trois autres épisodes où la Fed a resserré ses taux d’au moins 400 pdb en l’espace de un an, et où l’économie américaine s’est à chaque fois embourbée dans une récession complète dans l’année. L’augmentation de cette semaine a porté la hausse cumulative à 425 pdb, et la Fed n’en a pas terminé. Si cette pondération n’est pas assez impressionnante, l’indicateur avancé a reculé huit mois de suite et il est compatible avec au moins un repli superficiel.
Cependant, ce cycle ne ressemble à aucun autre avant lui, et certains facteurs particuliers atténueront l’impact des hausses de taux énergiques par les banques centrales. Premièrement, les bilans des ménages et des entreprises restent généralement sains, comme en témoigne la persistance de l’épargne à la suite de la pandémie. Deuxièmement, il y a encore une demande refoulée pour des articles qui n’ont pas été accessibles au cours des trois dernières années : des véhicules, des voyages, des billets de Taylor Swift. Troisièmement, la demande pour des travailleurs est encore très forte dans certains secteurs, notamment l’hôtellerie, la construction et la santé. En partie en raison de ce dernier facteur, mais aussi en raison de la démographie (la soi-disant « vague grise »), nous nous attendons à une hausse beaucoup plus modérée du taux de chômage que lors d’une récession normale – de 3,7 % à environ 5 % à la fin de 2023 aux États-Unis.
Si l’on fait le tri entre ces divers facteurs, il existe encore des chances raisonnables que l’économie nord-américaine puisse traverser ces moments difficiles sans carrément plonger en ralentissement. Si les prix de l’énergie continuent de baisser, si les pressions sur la chaîne d’approvisionnement s’atténuent davantage et que l’inflation recule plus vite que prévu, les banques centrales pourraient ralentir les hausses de taux assez rapidement. Nous donnons des chances d’environ 25 % à 30 % à un atterrissage en douceur. Malheureusement, il y a aussi beaucoup de risques que la situation se révèle bien pire que ce que nous prévoyons, à cause des importants risques géopolitiques et de la menace persistante d’une hausse des prix de l’énergie ou des aliments qui mèneraient à des hausses de taux encore plus énergiques. Nous attribuons des chances d’environ 20 % à 25 % à un atterrissage très difficile. Nos prévisions de repli superficiel sont juste au milieu, avec une probabilité d’environ 50 %.
En 2023, la deuxième économie du monde ira encore une fois à contre-courant des tendances mondiales. Nous nous attendons à ce que la réouverture et l’assouplissement modéré des politiques budgétaires et monétaires stimulent légèrement la croissance en Chine et la fassent passer d’un rythme lent de 3,0 % en 2022 à environ 4,5 % l’an prochain. Même si certains sont encore plus optimistes, en raison de la perspective d’un rebond des dépenses intérieures, nous nous attendons à ce que le contexte extérieur, plus frais, freine la reprise. Cette semaine, la production industrielle a ralenti à seulement 2,2 % sur 12 mois en novembre, tandis que les exportations ont lourdement chuté de 8,7 % sur 12 mois en dollars américains. Cependant, la Chine affiche également le taux d’inflation le plus bas parmi les grandes économies, à moins de 2 %, ce qui lui donne la marge de manœuvre nécessaire pour assouplir ses politiques et soutenir la croissance. Les dépenses intérieures pourraient bénéficier d’un certain soutien, puisque les ventes au détail ont chuté de 5,9 % sur 12 mois le mois dernier, tandis que les difficultés du secteur de l’immobilier se poursuivent sans relâche.
Une légère reprise de l’activité prévue en Chine offre des perspectives nuancées pour les marchés des produits de base en 2023 et compensera quelque peu la faiblesse qui règne dans une grande partie du reste du monde. Alors que les prix de l’énergie ont baissé pendant la majeure partie des six derniers mois, certains prix des métaux allaient dans le sens inverse, le prix du cuivre ayant rebondi de 15 % par rapport à ses creux estivaux. On s’attend à ce que le dollar américain perde encore un peu de sa hauteur l’an prochain, ce qui constituera un filet de sécurité pour les prix des produits de base dans un contexte par ailleurs difficile. Dans l’ensemble, nous sommes prudemment optimistes à l’égard des produits de base, car les prix du pétrole et du gaz ne devraient être que légèrement inférieurs aux moyennes élevées de cette année en 2023.
Pour le Canada, des prix des ressources fermes et un taux de change concurrentiel, ainsi qu’une épargne qui est toujours importante, atténueront le choc provoqué par la hausse rapide des coûts d’emprunt. À l’instar des États-Unis, la hausse cumulative de 400 pdb des taux d’intérêt de la Banque du Canada a rarement été égalée dans l’après-guerre, même si elle a été observée au milieu des années 1990 sans récession. (Les fluctuations brutales des taux d’intérêt canadiens au cours des 20 dernières années ont apparemment immunisé l’économie nationale contre de tels chocs.) De plus, et au grand dam de nombreux économistes, la politique budgétaire privilégie généralement la croissance, presque toutes les provinces distribuant des chèques. Une forte croissance de la population de 1,5 % ou plus aplatira les dépenses de consommation.
Néanmoins, au Canada, le poids lourd qu’est l’important secteur de l’habitation et la dette démesurée des consommateurs contrebalanceront ces effets positifs relatifs. Malgré la correction abrupte de l’année dernière, qui a vu les ventes de logements chuter de près de 40 % et les prix chuter de plus de 10 %, les investissements dans le secteur résidentiel représentent toujours près de 7 % du PIB canadien, contre un peu plus de 3 % pour les États. Et la construction résidentielle a tout juste commencé à réagir à l’inversion abrupte du marché de la revente, les mises en chantier (265 000 cette année) étant à peine inférieures aux 271 000 de l’an dernier. Entre-temps, les quelque 40 % de la population lourdement endettée (à un niveau record de 182 % du revenu disponible) seront de plus en plus malmenés à mesure que les prêts hypothécaires arriveront à échéance. Par conséquent, nous nous attendons à ce que la croissance canadienne ralentisse rapidement l’année prochaine, en passant de la solide progression de 3,5 % de cette année (nous nous attendions à 4,0 % il y a un an) à une croissance nulle en 2023, entrecoupé peut-être par quelques trimestres négatifs.
En conclusion, la seule raison pour laquelle nous parlons d’une récession est l’inflation galopante et les remèdes difficiles qui sont nécessaires pour la contrer. Au bout du compte, la politique monétaire est toujours efficace, et le ralentissement est clairement provoqué par celle-ci. La meilleure nouvelle pour l’économie et les marchés financiers serait que cette politique fonctionne assez rapidement et que l’inflation recule plus vite que prévu, ce qui augmenterait considérablement les chances d’un scénario plus anodin. Nous devrions avoir une bonne idée de la situation d’ici le printemps. Fondamentalement, nous restons un peu plus préoccupés que le consensus quant à la poursuite de l’inflation sous-jacente, et nous pourrions donc qualifier nos prévisions pour 2023 en Amérique du Nord de légèrement inférieures au consensus quant à la croissance et supérieures quant à l’inflation.
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