Le retour des années folles?
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On perçoit souvent les années 1920 avec nostalgie. Pendant huit années consécutives, le PIB réel des États-Unis a atteint un taux moyen de 5 %. Les observateurs évoquent maintenant la possibilité d’un retour de cet âge d’or dans les années 2020. Est-ce réaliste ou est-ce que ce ne sont que des vœux pieux?
L’optimisme découle en grande partie des mesures prises par les pouvoirs publics en réponse à la pandémie. Les banques centrales ont réduit les taux à près de zéro et prévoient de les maintenir pendant au moins une autre année. Les gouvernements ont libéré un torrent de mesures de relance qui ont non seulement amorti le repli, mais qui accéléreront la reprise cette année. Une grande partie des mesures de relance restant concentrée dans les tirelires des ménages, ces fonds serviront à libérer une vague de demandes refoulées pour des services différés. Les performances records des marchés boursiers et la montée en flèche des prix des maisons ont gonflé la richesse des ménages, une autre source de dépenses. Les membres de la génération des milléniaux, véritable ouragan démographique, achètent des maisons et élèvent des familles, deux activités qui ont tendance à augmenter les dépenses. L’accélération des dépenses des entreprises dans les technologies numériques promet d’éveiller la productivité.
Il ne fait aucun doute que ces facteurs stimuleront une croissance exceptionnelle du PIB aux États-Unis et au Canada cette année, probablement de l’ordre de 6 %. Cependant, le potentiel de maintien d’une croissance qui se rapproche de ce taux dans les années à venir sera limité par plusieurs facteurs :
- Les populations vieillissantes ont tendance à dépenser et à travailler moins : Le Census Bureau prévoit que la portion de la population américaine âgée de 65 ans et plus passera d’un peu moins de 17 % au début de la décennie à un peu plus de 20 % à la fin. On s’attend à ce que la population canadienne vieillisse un peu plus rapidement, la portion similaire de la population augmentant d’environ quatre points de pourcentage pour atteindre un peu plus de 22 %. Ce changement freinera les dépenses de consommation et, par l’augmentation des départs à la retraite, freinera la croissance de la population active.
- L’épargne excédentaire des ménages n’est pas inépuisable : Nous estimons que l’épargne excédentaire aux États-Unis et au Canada pourrait soutenir environ trois années de hausses typiques des dépenses de consommation. Cependant, les sondages indiquent également que la majeure partie de cette épargne, peut-être les deux tiers, sera utilisée pour le remboursement des dettes et les placements, ce qui réduira à environ un an ce soutien inattendu.
- Le ralentissement de la croissance budgétaire est imminent : À moins que vous adhériez à la théorie monétaire moderne et que vous croyiez que d’importants déficits budgétaires peuvent être maintenus presque indéfiniment, une réduction prévue des insuffisances extrêmement élevées actuelles freinera la croissance, même si les déficits augmentent le niveau du PIB.
- Les taux d’intérêt ne resteront pas toujours bas : Bien que de nombreuses personnes, y compris nous-mêmes, aient des doutes au sujet de cette déclaration, notre perspective de base est que la Banque du Canada et la Réserve fédérale augmenteront graduellement les taux à compter du début de 2023, ce qui nuira quelque peu à la croissance.
- Les pénuries et les goulots d’étranglement limiteront la croissance de l’offre : La pénurie de main-d’œuvre a fait surface très tôt dans la reprise actuelle, notamment sur le marché du travail. En fait, un décalage marqué entre les préférences et les compétences des travailleurs aux États-Unis est déjà apparu, en partie lié à une préférence pour des emplois plus souples ou de nouveaux postes à l’extérieur de l’ancien secteur d’activité des travailleurs, ainsi qu’à une accélération de l’automatisation. Le décalage pourrait persister longtemps après la fin de la pandémie, ce qui empêcherait de nombreuses entreprises de répondre entièrement à la demande.
- Des déséquilibres en général ont déjà éclos : Il s’agit notamment des prix gonflés des actifs (actions, logements, cryptomonnaies, pièces de collection, etc.) et des dettes supplémentaires contractées par le gouvernement et les entreprises. Il n’y a rien de gratuit en économie; à un moment donné, ces déséquilibres nuiront à la croissance future, quoique d’une manière graduelle, espérons-le, plutôt que soudaine.
- N’oublions pas que les ménages canadiens ont toujours une dette record : Bien que le ratio dette/revenu des ménages canadiens se soit amélioré pendant la pandémie en raison des programmes de soutien du revenu et de l’augmentation de l’épargne, et que la valeur nette ait atteint des sommets historiques dans un contexte de hausse de la valeur croissante et de la valeur nette des propriétés, la dette demeure à un niveau record, et fera obstacle aux dépenses lorsque les taux d’intérêt augmenteront.
- La mondialisation pourrait s’inverser : En raison de la montée du protectionnisme entre les deux plus grandes économies mondiales et de la relocalisation du secteur manufacturier, l’intense concurrence mondiale des dernières décennies pourrait être malmenée.
- Les dépenses en immobilisations pourraient diminuer : Bien que les placements dans le secteur des fusions et des acquisitions aient fortement rebondi dans les deux pays, l’incertitude persistante liée à la pandémie pourrait agir comme un frein pendant un certain temps.
Conclusion : Les économies américaine et canadienne sont bien positionnées pour une période d’effervescence en 2021 et peut-être en 2022, mais il ne faut pas se faire trop d’illusions pour le reste de la décennie.
Déclarations de divulgation importantes (en anglais seulement)
Économiste principal et directeur général à BMO Marchés des capitaux, Sal Guatieri compte 20 ans d’expérie…(..)
Voir le profil complet >On perçoit souvent les années 1920 avec nostalgie. Pendant huit années consécutives, le PIB réel des États-Unis a atteint un taux moyen de 5 %. Les observateurs évoquent maintenant la possibilité d’un retour de cet âge d’or dans les années 2020. Est-ce réaliste ou est-ce que ce ne sont que des vœux pieux?
L’optimisme découle en grande partie des mesures prises par les pouvoirs publics en réponse à la pandémie. Les banques centrales ont réduit les taux à près de zéro et prévoient de les maintenir pendant au moins une autre année. Les gouvernements ont libéré un torrent de mesures de relance qui ont non seulement amorti le repli, mais qui accéléreront la reprise cette année. Une grande partie des mesures de relance restant concentrée dans les tirelires des ménages, ces fonds serviront à libérer une vague de demandes refoulées pour des services différés. Les performances records des marchés boursiers et la montée en flèche des prix des maisons ont gonflé la richesse des ménages, une autre source de dépenses. Les membres de la génération des milléniaux, véritable ouragan démographique, achètent des maisons et élèvent des familles, deux activités qui ont tendance à augmenter les dépenses. L’accélération des dépenses des entreprises dans les technologies numériques promet d’éveiller la productivité.
Il ne fait aucun doute que ces facteurs stimuleront une croissance exceptionnelle du PIB aux États-Unis et au Canada cette année, probablement de l’ordre de 6 %. Cependant, le potentiel de maintien d’une croissance qui se rapproche de ce taux dans les années à venir sera limité par plusieurs facteurs :
- Les populations vieillissantes ont tendance à dépenser et à travailler moins : Le Census Bureau prévoit que la portion de la population américaine âgée de 65 ans et plus passera d’un peu moins de 17 % au début de la décennie à un peu plus de 20 % à la fin. On s’attend à ce que la population canadienne vieillisse un peu plus rapidement, la portion similaire de la population augmentant d’environ quatre points de pourcentage pour atteindre un peu plus de 22 %. Ce changement freinera les dépenses de consommation et, par l’augmentation des départs à la retraite, freinera la croissance de la population active.
- L’épargne excédentaire des ménages n’est pas inépuisable : Nous estimons que l’épargne excédentaire aux États-Unis et au Canada pourrait soutenir environ trois années de hausses typiques des dépenses de consommation. Cependant, les sondages indiquent également que la majeure partie de cette épargne, peut-être les deux tiers, sera utilisée pour le remboursement des dettes et les placements, ce qui réduira à environ un an ce soutien inattendu.
- Le ralentissement de la croissance budgétaire est imminent : À moins que vous adhériez à la théorie monétaire moderne et que vous croyiez que d’importants déficits budgétaires peuvent être maintenus presque indéfiniment, une réduction prévue des insuffisances extrêmement élevées actuelles freinera la croissance, même si les déficits augmentent le niveau du PIB.
- Les taux d’intérêt ne resteront pas toujours bas : Bien que de nombreuses personnes, y compris nous-mêmes, aient des doutes au sujet de cette déclaration, notre perspective de base est que la Banque du Canada et la Réserve fédérale augmenteront graduellement les taux à compter du début de 2023, ce qui nuira quelque peu à la croissance.
- Les pénuries et les goulots d’étranglement limiteront la croissance de l’offre : La pénurie de main-d’œuvre a fait surface très tôt dans la reprise actuelle, notamment sur le marché du travail. En fait, un décalage marqué entre les préférences et les compétences des travailleurs aux États-Unis est déjà apparu, en partie lié à une préférence pour des emplois plus souples ou de nouveaux postes à l’extérieur de l’ancien secteur d’activité des travailleurs, ainsi qu’à une accélération de l’automatisation. Le décalage pourrait persister longtemps après la fin de la pandémie, ce qui empêcherait de nombreuses entreprises de répondre entièrement à la demande.
- Des déséquilibres en général ont déjà éclos : Il s’agit notamment des prix gonflés des actifs (actions, logements, cryptomonnaies, pièces de collection, etc.) et des dettes supplémentaires contractées par le gouvernement et les entreprises. Il n’y a rien de gratuit en économie; à un moment donné, ces déséquilibres nuiront à la croissance future, quoique d’une manière graduelle, espérons-le, plutôt que soudaine.
- N’oublions pas que les ménages canadiens ont toujours une dette record : Bien que le ratio dette/revenu des ménages canadiens se soit amélioré pendant la pandémie en raison des programmes de soutien du revenu et de l’augmentation de l’épargne, et que la valeur nette ait atteint des sommets historiques dans un contexte de hausse de la valeur croissante et de la valeur nette des propriétés, la dette demeure à un niveau record, et fera obstacle aux dépenses lorsque les taux d’intérêt augmenteront.
- La mondialisation pourrait s’inverser : En raison de la montée du protectionnisme entre les deux plus grandes économies mondiales et de la relocalisation du secteur manufacturier, l’intense concurrence mondiale des dernières décennies pourrait être malmenée.
- Les dépenses en immobilisations pourraient diminuer : Bien que les placements dans le secteur des fusions et des acquisitions aient fortement rebondi dans les deux pays, l’incertitude persistante liée à la pandémie pourrait agir comme un frein pendant un certain temps.
Conclusion : Les économies américaine et canadienne sont bien positionnées pour une période d’effervescence en 2021 et peut-être en 2022, mais il ne faut pas se faire trop d’illusions pour le reste de la décennie.
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