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États-Unis
Après une inflation persistante et la guerre en Ukraine, une nouvelle menace pèse sur l’économie. La faillite de trois banques régionales et la vente forcée de Credit Suisse ont secoué les marchés financiers mondiaux. Les organismes de réglementation sont rapidement intervenus pour limiter les répercussions, mais les investisseurs restent nerveux. Pour le moment, la nouvelle facilité de prêt de la Fed, qui permet aux banques d’emprunter des fonds pour une durée maximale d’un an en donnant en gage des titres à leur valeur nominale, semble avoir apaisé la nervosité du marché.
Même en l’absence d’une contagion plus généralisée, l’économie ressentira les effets du stress financier. Bien que les taux des obligations du Trésor aient fortement chuté dû à la demande de valeurs refuges et au changement de cap anticipé de la Fed, les conditions financières se sont resserrées en raison de l’élargissement des écarts de taux des obligations de sociétés et du raffermissement du billet vert. Si les coûts d’emprunt ont baissé pour les gouvernements, ce n’est pas forcément le cas pour les entreprises et les ménages. Les normes d’octroi de crédit, qui se resserraient déjà, deviendront plus restrictives et limiteront le crédit. Les petites banques ont été une source essentielle de financement pour l’immobilier commercial, donc cela porte un autre coup dur au segment des immeubles de bureaux qui peine à composer avec le travail à distance. La confiance des consommateurs et des entreprises sera ébranlée, ce qui freinera la croissance de l’emploi.
Les retombées testeront la résilience de l’économie et augmenteront les chances que nous anticipions une légère récession pendant deux trimestres cette année. Nous prévoyons toujours que le PIB réel n’augmentera que de 0,7 % pendant toute l’année 2023, en baisse par rapport à 2,1 % l’an dernier, avant de remonter à 1,3 % en 2024. Le taux de chômage devrait augmenter de plus d’un point de pourcentage pour atteindre 4,8 % à la fin de l’année, avant de reculer quelque peu l’an prochain.
Jusqu’à présent, la résilience de l’économie est tributaire des ménages. La consommation des ménages a probablement augmenté pour s’établir à environ 3 % sur une base annualisée au premier trimestre. Un hiver clément y a contribué, mais les dépenses ont également été freinées par une croissance de l’emploi étonnamment forte (plus de 800 000 nouveaux emplois au cours des deux derniers mois), la poursuite des dépenses liées à l’épargne accumulée pendant la pandémie et la demande persistante de services reportés. Nous estimons que les deux derniers piliers pourraient soutenir la demande pour le reste de l’année, ce qui limiterait la gravité d’un ralentissement. Malgré tout, les consommateurs reculeront probablement en raison de la hausse des taux d’intérêt et des répercussions de la crise bancaire. Les entreprises devraient également faire preuve de prudence en matière de dépenses et d’embauche. La baisse des ventes de maisons semble s’être stabilisée en raison de la baisse des taux hypothécaires, mais l’activité restera faible dans une économie en baisse. Les prix des maisons, qui n’ont reculé que d’une fraction de leur hausse record antérieure, diminueront davantage pour soutenir l’abordabilité.
La récession est le remède traditionnel à une inflation élevée. Alors que le taux annuel de l’IPC est passé de 9,1 % l’été dernier, un sommet en quatre décennies, à 6,0 % en février, le taux de base (hors alimentation et énergie) s’avère beaucoup plus stable, et est passé de 6,6 % à 5,5 % et est toujours à 5,2 % sur une base annualisée au cours des trois derniers mois. L’essence moins chère explique la baisse plus rapide du taux directeur, et une autre baisse du prix du pétrole sous la barre des 70 $ (le niveau plus bas depuis la fin de 2021) est encourageante. Entre-temps, les pressions sur la chaîne d’approvisionnement mondiale se sont normalisées après trois ans de perturbations et de retards, selon la Fed de New York. Malgré tout, un ralentissement minime de la croissance des salaires donne à penser que les prix dans le secteur des services à forte intensité de main-d’œuvre continueront d’être élevés pendant un certain temps, ce qui maintiendra l’inflation au-dessus de 3 % à la fin de l’année.
Le mandat de la Fed visant à maintenir la stabilité financière l’emportera sur son objectif de stabilité des prix. La veille de la récente crise dans le secteur bancaire, le président a averti le Congrès qu’il devait peut-être accélérer le rythme des hausses de taux à la prochaine réunion sur la politique monétaire. Cette décision dépendait en grande partie du résultat de quelques données clés. Cependant, malgré une hausse encore plus marquée de l’inflation de base et une nouvelle augmentation importante du nombre d’emplois en février, la menace de Jerome Powell est probablement écartée pour l’instant. Le FOMC pourrait juger que les risques économiques sont à la baisse en raison des turbulences. Nous penchons toujours légèrement en faveur d’une hausse de 25 pdb le 22 mars, mais la situation est très fluctuante.
Canada
L’économie canadienne a démarré en trombe cette année, tout comme celle de son principal partenaire commercial. En janvier, l’emploi a connu la plus forte hausse jamais enregistrée (hors pandémie) et est demeuré solide en février. Les expéditions d’usines ont augmenté de 4 % en janvier, ce qui laisse entrevoir une certaine hausse par rapport au rebond de 0,3 % du PIB réel prévu par Statistique Canada. Les ventes de logements existants ont connu leur plus forte hausse depuis un an en février, car elles ont profité de la baisse des prix et du signal de pause de la banque centrale. Bien que les ventes soient toujours en baisse de 40 % sur 12 mois, elles semblent avoir touché un creux. Les données robustes reflètent en partie les températures plus clémentes, mais l’épargne excédentaire des ménages y contribue également. Après la stagnation du PIB réel au quatrième trimestre en raison d’une forte baisse des dépenses des entreprises et d’une diminution des investissements en stocks, l’économie a probablement repris de la vigueur au premier trimestre.
Bien que les conditions de crédit devraient se resserrer moins au Canada qu’aux États-Unis, il est peu probable que l’économie évite un léger repli. Les difficultés financières mondiales auront des répercussions sur les entreprises nationales. Mêmes si les taux d’intérêt n’ont pas augmenté autant qu’aux États-Unis, les ménages sont plus sensibles en raison de leurs dettes plus importantes et de leurs échéances hypothécaires plus courtes. Comme les taux directeurs n’ont jamais été aussi élevés depuis 2007, de nombreux jeunes détenteurs de prêts hypothécaires n’ont pas connu de coûts d’emprunt élevés et seront contraints de réduire leurs dépenses discrétionnaires. Par conséquent, la croissance du PIB réel devrait ralentir pour s’établir à 0,7 % en 2023, contre 3,4 % l’an dernier, avant de progresser de 1,3 % en 2024. Le taux de chômage devrait augmenter d’environ un point de pourcentage pour s’établir à 5,9 % à la fin de l’année, une hausse modeste par rapport aux récessions précédentes.
L’inflation continue de reculer. Après avoir dépassé les 8 % l’été dernier, le taux annuel de l’IPC a chuté à 5,9 % en janvier, et la tendance sur trois mois de plusieurs mesures de base se situe à 3,5 % ou moins. Bien que les marchés du travail restent tendus, les consommateurs endettés semblent repousser les hausses de prix. Nous nous attendons à ce que l’inflation baisse à environ 3 % à la fin de l’année et contourne la limite supérieure de la fourchette de contrôle de la banque centrale.
Comme prévu, la Banque du Canada a maintenu ses taux directeurs à 4,5 % en mars, conformément à ses prévisions antérieures visant à marquer une pause et à évaluer l’incidence des mesures passées sur l’économie. Toutefois, la Banque a souligné la nature conditionnelle de sa décision et a signalé qu’une croissance plus forte ou une inflation plus persistante pourrait la faire sortir de sa réserve. Cependant, les récentes turbulences financières devraient dissuader quiconque d’envisager une hausse le 12 avril. Nous ne nous attendons toujours pas à d’autres changements de politique cette année, et les réductions de taux devraient commencer au début de l’année prochaine.
Économiste principal et directeur général à BMO Marchés des capitaux, Sal Guatieri compte 20 ans d’expérie…(..)
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Après une inflation persistante et la guerre en Ukraine, une nouvelle menace pèse sur l’économie. La faillite de trois banques régionales et la vente forcée de Credit Suisse ont secoué les marchés financiers mondiaux. Les organismes de réglementation sont rapidement intervenus pour limiter les répercussions, mais les investisseurs restent nerveux. Pour le moment, la nouvelle facilité de prêt de la Fed, qui permet aux banques d’emprunter des fonds pour une durée maximale d’un an en donnant en gage des titres à leur valeur nominale, semble avoir apaisé la nervosité du marché.
Même en l’absence d’une contagion plus généralisée, l’économie ressentira les effets du stress financier. Bien que les taux des obligations du Trésor aient fortement chuté dû à la demande de valeurs refuges et au changement de cap anticipé de la Fed, les conditions financières se sont resserrées en raison de l’élargissement des écarts de taux des obligations de sociétés et du raffermissement du billet vert. Si les coûts d’emprunt ont baissé pour les gouvernements, ce n’est pas forcément le cas pour les entreprises et les ménages. Les normes d’octroi de crédit, qui se resserraient déjà, deviendront plus restrictives et limiteront le crédit. Les petites banques ont été une source essentielle de financement pour l’immobilier commercial, donc cela porte un autre coup dur au segment des immeubles de bureaux qui peine à composer avec le travail à distance. La confiance des consommateurs et des entreprises sera ébranlée, ce qui freinera la croissance de l’emploi.
Les retombées testeront la résilience de l’économie et augmenteront les chances que nous anticipions une légère récession pendant deux trimestres cette année. Nous prévoyons toujours que le PIB réel n’augmentera que de 0,7 % pendant toute l’année 2023, en baisse par rapport à 2,1 % l’an dernier, avant de remonter à 1,3 % en 2024. Le taux de chômage devrait augmenter de plus d’un point de pourcentage pour atteindre 4,8 % à la fin de l’année, avant de reculer quelque peu l’an prochain.
Jusqu’à présent, la résilience de l’économie est tributaire des ménages. La consommation des ménages a probablement augmenté pour s’établir à environ 3 % sur une base annualisée au premier trimestre. Un hiver clément y a contribué, mais les dépenses ont également été freinées par une croissance de l’emploi étonnamment forte (plus de 800 000 nouveaux emplois au cours des deux derniers mois), la poursuite des dépenses liées à l’épargne accumulée pendant la pandémie et la demande persistante de services reportés. Nous estimons que les deux derniers piliers pourraient soutenir la demande pour le reste de l’année, ce qui limiterait la gravité d’un ralentissement. Malgré tout, les consommateurs reculeront probablement en raison de la hausse des taux d’intérêt et des répercussions de la crise bancaire. Les entreprises devraient également faire preuve de prudence en matière de dépenses et d’embauche. La baisse des ventes de maisons semble s’être stabilisée en raison de la baisse des taux hypothécaires, mais l’activité restera faible dans une économie en baisse. Les prix des maisons, qui n’ont reculé que d’une fraction de leur hausse record antérieure, diminueront davantage pour soutenir l’abordabilité.
La récession est le remède traditionnel à une inflation élevée. Alors que le taux annuel de l’IPC est passé de 9,1 % l’été dernier, un sommet en quatre décennies, à 6,0 % en février, le taux de base (hors alimentation et énergie) s’avère beaucoup plus stable, et est passé de 6,6 % à 5,5 % et est toujours à 5,2 % sur une base annualisée au cours des trois derniers mois. L’essence moins chère explique la baisse plus rapide du taux directeur, et une autre baisse du prix du pétrole sous la barre des 70 $ (le niveau plus bas depuis la fin de 2021) est encourageante. Entre-temps, les pressions sur la chaîne d’approvisionnement mondiale se sont normalisées après trois ans de perturbations et de retards, selon la Fed de New York. Malgré tout, un ralentissement minime de la croissance des salaires donne à penser que les prix dans le secteur des services à forte intensité de main-d’œuvre continueront d’être élevés pendant un certain temps, ce qui maintiendra l’inflation au-dessus de 3 % à la fin de l’année.
Le mandat de la Fed visant à maintenir la stabilité financière l’emportera sur son objectif de stabilité des prix. La veille de la récente crise dans le secteur bancaire, le président a averti le Congrès qu’il devait peut-être accélérer le rythme des hausses de taux à la prochaine réunion sur la politique monétaire. Cette décision dépendait en grande partie du résultat de quelques données clés. Cependant, malgré une hausse encore plus marquée de l’inflation de base et une nouvelle augmentation importante du nombre d’emplois en février, la menace de Jerome Powell est probablement écartée pour l’instant. Le FOMC pourrait juger que les risques économiques sont à la baisse en raison des turbulences. Nous penchons toujours légèrement en faveur d’une hausse de 25 pdb le 22 mars, mais la situation est très fluctuante.
Canada
L’économie canadienne a démarré en trombe cette année, tout comme celle de son principal partenaire commercial. En janvier, l’emploi a connu la plus forte hausse jamais enregistrée (hors pandémie) et est demeuré solide en février. Les expéditions d’usines ont augmenté de 4 % en janvier, ce qui laisse entrevoir une certaine hausse par rapport au rebond de 0,3 % du PIB réel prévu par Statistique Canada. Les ventes de logements existants ont connu leur plus forte hausse depuis un an en février, car elles ont profité de la baisse des prix et du signal de pause de la banque centrale. Bien que les ventes soient toujours en baisse de 40 % sur 12 mois, elles semblent avoir touché un creux. Les données robustes reflètent en partie les températures plus clémentes, mais l’épargne excédentaire des ménages y contribue également. Après la stagnation du PIB réel au quatrième trimestre en raison d’une forte baisse des dépenses des entreprises et d’une diminution des investissements en stocks, l’économie a probablement repris de la vigueur au premier trimestre.
Bien que les conditions de crédit devraient se resserrer moins au Canada qu’aux États-Unis, il est peu probable que l’économie évite un léger repli. Les difficultés financières mondiales auront des répercussions sur les entreprises nationales. Mêmes si les taux d’intérêt n’ont pas augmenté autant qu’aux États-Unis, les ménages sont plus sensibles en raison de leurs dettes plus importantes et de leurs échéances hypothécaires plus courtes. Comme les taux directeurs n’ont jamais été aussi élevés depuis 2007, de nombreux jeunes détenteurs de prêts hypothécaires n’ont pas connu de coûts d’emprunt élevés et seront contraints de réduire leurs dépenses discrétionnaires. Par conséquent, la croissance du PIB réel devrait ralentir pour s’établir à 0,7 % en 2023, contre 3,4 % l’an dernier, avant de progresser de 1,3 % en 2024. Le taux de chômage devrait augmenter d’environ un point de pourcentage pour s’établir à 5,9 % à la fin de l’année, une hausse modeste par rapport aux récessions précédentes.
L’inflation continue de reculer. Après avoir dépassé les 8 % l’été dernier, le taux annuel de l’IPC a chuté à 5,9 % en janvier, et la tendance sur trois mois de plusieurs mesures de base se situe à 3,5 % ou moins. Bien que les marchés du travail restent tendus, les consommateurs endettés semblent repousser les hausses de prix. Nous nous attendons à ce que l’inflation baisse à environ 3 % à la fin de l’année et contourne la limite supérieure de la fourchette de contrôle de la banque centrale.
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