Début d’une quatrième vague
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États-Unis
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Juste alors que l’économie mondiale semblait repartir à la hausse dans un contexte d’assouplissement des restrictions liées à la pandémie, une nouvelle vague d’augmentation du nombre de cas de COVID-19 vient assombrir les perspectives. Jusqu’à présent, la vaccination limite le nombre de cas graves nécessitant une hospitalisation. Les premiers signes laissent par ailleurs entrevoir une vague d’une durée relativement courte dans certains pays où les taux de vaccination sont élevés, notamment le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Le taux des décès causés par le virus aux États-Unis est demeuré assez stable et se situe bien en deçà de celui enregistré lors deux premières vagues, malgré une hausse du nombre de cas et des hospitalisations. En nous appuyant sur des données provenant de partout dans le monde, on peut estimer qu’il n’y a pratiquement aucun lien entre la hausse du nombre de cas et le taux de décès dans les pays où au moins la moitié de la population est partiellement vaccinée, comparativement à une corrélation importante dans le cas des pays où la population est sous-vaccinée.
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Cependant, dans la plupart des pays et dans de nombreux États américains, les taux d’inoculation ne sont pas suffisamment élevés pour empêcher une nouvelle hausse des cas de complications graves et éliminer la menace de nouvelles restrictions. Ce qui est préoccupant, c’est que le pourcentage d’Américains de 12 ans et plus qui sont entièrement vaccinés semble avoir stagné à un peu moins de 60 %. Même si nous ne nous attendons pas à ce que beaucoup d’États américains adoptent de nouveau des mesures de restriction sévères, un simple ralentissement modéré de l’activité économique ou une augmentation de l’anxiété chez les consommateurs pourraient ralentir la reprise.
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En même temps, il est devenu évident que les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, la pénurie de main-d’œuvre et la montée en flèche des prix freinent la croissance aux États-Unis, entraînant du même souffle une révision à la baisse de nos prévisions. Les contraintes d’approvisionnement ont fait en sorte qu’une grande partie des mesures de relance adoptées aux États-Unis ont favorisé une augmentation des prix plutôt que de réelles hausses dans les dépenses et la production. Un ralentissement de la croissance budgétaire a également freiné l’élan de l’économie. Bien que la croissance du PIB réel ait augmenté à 6,5 % sur une base annualisée au deuxième trimestre, elle était à peine supérieure à son rythme du trimestre précédent (6,3 %), et bien inférieure aux attentes. Les indicateurs mensuels nous indiquent que la croissance aurait ralenti jusqu’à maintenant au troisième trimestre, malgré l’assouplissement des restrictions. Les ventes de maisons ont reculé par rapport à leurs sommets de 15 ans, en partie à cause de la hausse fulgurante des prix qui vient limiter l’accessibilité (l’indice Case-Shiller ayant bondi de 17 % sur 12 mois en mai). Bien que les dépenses de consommation aient augmenté de 11,8 % sur une base annualisée au deuxième trimestre, une grande part de cette hausse doit son point de départ à l’envoi de chèques de remise individuels, au mois de mars. Les dépenses ont légèrement diminué en mai et en juin, la hausse des prix ayant été à l’origine de l’ensemble de l’augmentation nominale. Tandis que les ménages rattrapent leur retard dans les services qui avaient été reportés, comme les voyages et les repas au restaurant, la demande dans le secteur de l’ameublement a plafonné et les ventes de véhicules ont été freinées en raison de la pénurie de nouveaux modèles.
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Nous nous attendons à ce que la croissance du PIB ralentisse à 6,0 % au troisième trimestre et à 5,0 % au quatrième trimestre. Il s’agit toujours d’un rythme rapide, bien au-dessus du potentiel de croissance à long terme, qui est à un peu moins de 2 %. Même si le gros des dépenses se fait désormais dans le secteur des services, des économies excédentaires de plus de 2 300 milliards de dollars permettront de soutenir les dépenses dans tous les secteurs pendant un certain temps. Bien que de nombreux États aient mis fin rapidement aux programmes d’assurance-chômage d’urgence, certaines personnes trouvent de nouveaux emplois et le revenu d’emploi global est en hausse. De plus, les premiers versements mensuels dans le cadre du crédit d’impôt pour enfants élargi, totalisant 14,7 milliards de dollars, ont été envoyés en juillet à plus de 35 millions de familles. Entre-temps, en plus du secteur de la construction de bureaux et de commerces de détail, l’investissement des entreprises est en hausse. Et le secteur de la construction sera stimulé lorsque le Congrès approuvera un accord bipartite dans le domaine des infrastructures, qui s’élève actuellement à un peu moins de 1 000 milliards de dollars sur cinq ans. Il n’en demeure pas moins que l’époque où le PIB enregistrait des gains exceptionnels semble être une chose du passé. La combinaison difficile de la pénurie d’approvisionnement, de la hausse des prix qui vient miner la demande et de l’incertitude liée au virus compensera en partie l’effet de l’épargne excédentaire, de la richesse record et de la hausse de l’emploi.
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La contraction de l’économie américaine au premier semestre de 2020 a marqué le repli le plus important de l’après-guerre. Mais ce fut aussi la période de récession la plus courte jamais enregistrée (seulement deux mois). De plus, compte tenu de la réaction massive sur le plan des politiques, l’économie a récupéré ses pertes en moins d’un an. Cependant, nous pourrions devoir attendre jusqu’au début de 2022 pour retrouver la croissance tendancielle que nous aurions probablement connue s’il n’y avait pas eu la crise.
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La reprise du PIB mondial cache des cicatrices profondes laissées par la récession et la pandémie en cours. De nombreux secteurs ne se sont toujours pas redressés, beaucoup d’entreprises n’ont pas survécu aux fermetures et le marché du travail prendra beaucoup plus de temps que le PIB à se rétablir. Ce dernier problème n’est pas tant dû à un manque de demande pour des travailleurs, mais plutôt aux changements dans le comportement de ces derniers provenant de la pandémie. De nombreuses personnes ont pris une retraite anticipée, tandis que plusieurs anciens travailleurs hésitent à retourner sur le marché du travail en raison de responsabilités en matière de garde d’enfants, d’inquiétudes concernant la santé et de prestations d’assurance-chômage supplémentaires. De plus, certains travailleurs ont changé de secteur d’activité, ce qui fait en sorte qu’il est difficile pour les employeurs les plus durement touchés, comme les restaurants, de retrouver du personnel maintenant que la demande reprend de la vigueur. Par conséquent, le nombre d’emplois non agricoles est toujours inférieur de 6,8 millions aux niveaux antérieurs à la pandémie (en date de juin). Des sondages menés auprès des entreprises indiquent que la pénurie de main-d’œuvre est un obstacle important en vue de pourvoir un nombre record de postes. Le taux de participation s’est maintenu à environ 1,7 point de pourcentage sous les niveaux d’avant la pandémie depuis l’été dernier. Plus de la moitié de ce recul est attribuable aux retraites anticipées, selon une étude de la Réserve fédérale de Dallas. La faiblesse du taux de participation pourrait faire passer le taux de chômage de 5,9 % actuellement à moins de 4 % d’ici la fin de 2022, mais elle freinera également la croissance. Par contre, le rythme de la reprise sur le marché du travail devrait encore dépasser celui du dernier cycle, ce qui pourrait contribuer à limiter les dommages pour l’économie.
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La pénurie de main-d’œuvre risque par ailleurs de maintenir l’inflation à un niveau élevé. Alors qu’il se situait à 5,4 % sur 12 mois en juin, l’indice des prix à la consommation (IPC) affiche déjà la croissance la plus rapide en 13 ans. La combinaison toxique d’une remontée des prix dans les secteurs durement touchés, de goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement, de prix élevés des ressources et d’un glissement annuel est en cause. L’inflation pourrait atteindre 6 % d’ici la fin de l’année si l’envolée des prix des maisons exerce une pression sur les loyers. Un nombre record de petites entreprises augmentent leurs prix et ont l’intention de continuer à le faire. Bien que certains produits de base, comme le bois d’œuvre et le cuivre, se soient repliés, les prix du gaz naturel ont doublé au cours de la dernière année, maintenant les indices élevés. Nous prévoyons que le taux de l’IPC s’établira en moyenne à 4,0 % en 2022, ce qui est bien au-dessus des prévisions consensuelles inférieures à 3 %, et ce, en supposant que la croissance des salaires demeure largement maîtrisée.
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Une baisse de la croissance conjuguée à une hausse de l’inflation représenterait normalement un dilemme pour la Réserve fédérale américaine. Mais n’oublions pas qu’elle souhaite une inflation plus élevée pour compenser une décennie de résultats inférieurs à la cible (bien qu’elle ne la souhaite pas aussi élevée sur une base soutenue). L’annonce de la politique monétaire du 28 juillet a confirmé que le Federal Open Market Committee (FOMC) est encore plus préoccupé par la croissance que par une inflation « temporaire », bien qu’il le soit moins qu’auparavant en raison du déploiement de la vaccination et de la capacité de l’économie à s’adapter en partie aux restrictions. Le comité pourrait bien annoncer une réduction des achats d’actifs (actuellement de 120 milliards de dollars par mois) avant la fin de l’exercice, mais il n’a pas l’intention de relever son taux directeur avant un certain temps, probablement pas avant le début de 2023, selon nous. Les investisseurs en obligations ont aussi acheté le scénario d’une inflation temporaire, faisant baisser le taux des obligations du Trésor à 10 ans de plus de 50 points de base depuis la fin du mois de mars, pour le ramener sous la barre de 1,2 %. Cette adhésion surprenante nous a amenés à réduire nos prévisions, même si nous prévoyons toujours que le taux à 10 ans passera à 1,5 % d’ici la fin de l’année, puis à 2,0 % à la fin de 2022, l’inflation affichant une persistance un peu plus forte que ce à quoi le marché s’attend.
Canada
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Alors que la croissance est en perte de vitesse aux États-Unis, elle est plutôt sur la bonne voie au Canada. Bien que le PIB mensuel se soit contracté au printemps en raison d’une troisième série de contraintes, l’assouplissement des restrictions a déclenché un rebond de 0,7 % en juin, selon le calcul initial de Statistique Canada. Cela devrait maintenir une croissance positive au deuxième trimestre, tout en ouvrant la voie à un gain annualisé de 6 % au troisième trimestre. La reprise s’est produite malgré un léger essoufflement du marché de l’habitation, qui représente désormais un pourcentage impressionnant de 10,3 % du PIB par rapport à une moyenne à long terme de moins de 6 % (les frais imposés par les courtiers immobiliers finissant réellement par s’additionner). Si la soupape de sûreté s’est déclenchée, c’est en raison de l’explosion des prix des maisons (l’indice de référence est en hausse de 24 % sur 12 mois), qui a entraîné une certaine lassitude chez les acheteurs. Mais même avec un marché de l’habitation fonctionnant relativement au ralenti, l’économie devrait croître de 6,0 % en 2021 et d’un solide 4,5 % l’an prochain.
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Bien entendu, les perspectives optimistes supposent qu’il n’y aura pas de hausse importante du nombre d’hospitalisations ni de nouvelles restrictions importantes. La progression du Canada vers le sommet de l’échelle mondiale en matière de vaccination le rend moins susceptible que la plupart des autres pays de fermer son économie de nouveau. Environ 80 % des Canadiens de 12 ans et plus ont reçu au moins une dose du vaccin, et le pays est en bonne voie d’avoir une proportion semblable de sa population entièrement vaccinée d’ici la fin du mois d’août. Cela devrait réduire la pression sur le système de santé, alors que le nombre de cas augmente inévitablement en raison du récent assouplissement des restrictions.
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Les préoccupations liées à la croissance mondiale ont donné un nouveau souffle au dollar américain, faisant chuter le huard, bien qu’il soit toujours l’une des devises les plus performantes cette année. Bien que nous ayons réduit nos prévisions, nous prévoyons toujours que le dollar canadien se raffermira à 1,20 $ CA (ou 0,83 $ US) d’ici la fin de 2022, en partie parce que la Banque du Canada devrait relever son taux directeur avant que la Réserve fédérale américaine ne relève le sien.
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La confiance de la Banque du Canada à l’égard des perspectives économiques a augmenté parallèlement à la hausse des taux de vaccination, mais elle prévoit toujours que l’écart de production se maintiendra jusqu’à la deuxième moitié de 2022. Bien que l’humeur positive ait entraîné une nouvelle réduction d’un milliard de dollars de son programme d’assouplissement quantitatif, qui est passé à deux milliards de dollars par semaine, la persistance de l’écart de production pourrait inciter la Banque à ne pas mettre à exécution sa menace de hausser son taux directeur avant au moins une autre année. Bien que l’inflation mesurée par l’IPC ait atteint 3,1 % en juin, elle est en baisse par rapport à un sommet atteint récemment, et les mesures de base ne dépassent en moyenne que légèrement la cible de 2 %. Bien que nous ayons devancé de quelques mois, à octobre 2022, nos prévisions concernant la décision de hausser son taux directeur pour la première fois que prendra la Banque, nous nous attendons toujours à une augmentation très graduelle, avec seulement six mouvements d’un quart de point, qui ramèneront le taux directeur à un niveau neutre de 1,75 % d’ici le début de 2025.
Consultez nos prévisions. (en anglais seulement)
Déclarations de divulgation importantes (en anglais seulement)
Économiste principal et directeur général à BMO Marchés des capitaux, Sal Guatieri compte 20 ans d’expérie…(..)
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Juste alors que l’économie mondiale semblait repartir à la hausse dans un contexte d’assouplissement des restrictions liées à la pandémie, une nouvelle vague d’augmentation du nombre de cas de COVID-19 vient assombrir les perspectives. Jusqu’à présent, la vaccination limite le nombre de cas graves nécessitant une hospitalisation. Les premiers signes laissent par ailleurs entrevoir une vague d’une durée relativement courte dans certains pays où les taux de vaccination sont élevés, notamment le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Le taux des décès causés par le virus aux États-Unis est demeuré assez stable et se situe bien en deçà de celui enregistré lors deux premières vagues, malgré une hausse du nombre de cas et des hospitalisations. En nous appuyant sur des données provenant de partout dans le monde, on peut estimer qu’il n’y a pratiquement aucun lien entre la hausse du nombre de cas et le taux de décès dans les pays où au moins la moitié de la population est partiellement vaccinée, comparativement à une corrélation importante dans le cas des pays où la population est sous-vaccinée.
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Cependant, dans la plupart des pays et dans de nombreux États américains, les taux d’inoculation ne sont pas suffisamment élevés pour empêcher une nouvelle hausse des cas de complications graves et éliminer la menace de nouvelles restrictions. Ce qui est préoccupant, c’est que le pourcentage d’Américains de 12 ans et plus qui sont entièrement vaccinés semble avoir stagné à un peu moins de 60 %. Même si nous ne nous attendons pas à ce que beaucoup d’États américains adoptent de nouveau des mesures de restriction sévères, un simple ralentissement modéré de l’activité économique ou une augmentation de l’anxiété chez les consommateurs pourraient ralentir la reprise.
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En même temps, il est devenu évident que les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, la pénurie de main-d’œuvre et la montée en flèche des prix freinent la croissance aux États-Unis, entraînant du même souffle une révision à la baisse de nos prévisions. Les contraintes d’approvisionnement ont fait en sorte qu’une grande partie des mesures de relance adoptées aux États-Unis ont favorisé une augmentation des prix plutôt que de réelles hausses dans les dépenses et la production. Un ralentissement de la croissance budgétaire a également freiné l’élan de l’économie. Bien que la croissance du PIB réel ait augmenté à 6,5 % sur une base annualisée au deuxième trimestre, elle était à peine supérieure à son rythme du trimestre précédent (6,3 %), et bien inférieure aux attentes. Les indicateurs mensuels nous indiquent que la croissance aurait ralenti jusqu’à maintenant au troisième trimestre, malgré l’assouplissement des restrictions. Les ventes de maisons ont reculé par rapport à leurs sommets de 15 ans, en partie à cause de la hausse fulgurante des prix qui vient limiter l’accessibilité (l’indice Case-Shiller ayant bondi de 17 % sur 12 mois en mai). Bien que les dépenses de consommation aient augmenté de 11,8 % sur une base annualisée au deuxième trimestre, une grande part de cette hausse doit son point de départ à l’envoi de chèques de remise individuels, au mois de mars. Les dépenses ont légèrement diminué en mai et en juin, la hausse des prix ayant été à l’origine de l’ensemble de l’augmentation nominale. Tandis que les ménages rattrapent leur retard dans les services qui avaient été reportés, comme les voyages et les repas au restaurant, la demande dans le secteur de l’ameublement a plafonné et les ventes de véhicules ont été freinées en raison de la pénurie de nouveaux modèles.
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Nous nous attendons à ce que la croissance du PIB ralentisse à 6,0 % au troisième trimestre et à 5,0 % au quatrième trimestre. Il s’agit toujours d’un rythme rapide, bien au-dessus du potentiel de croissance à long terme, qui est à un peu moins de 2 %. Même si le gros des dépenses se fait désormais dans le secteur des services, des économies excédentaires de plus de 2 300 milliards de dollars permettront de soutenir les dépenses dans tous les secteurs pendant un certain temps. Bien que de nombreux États aient mis fin rapidement aux programmes d’assurance-chômage d’urgence, certaines personnes trouvent de nouveaux emplois et le revenu d’emploi global est en hausse. De plus, les premiers versements mensuels dans le cadre du crédit d’impôt pour enfants élargi, totalisant 14,7 milliards de dollars, ont été envoyés en juillet à plus de 35 millions de familles. Entre-temps, en plus du secteur de la construction de bureaux et de commerces de détail, l’investissement des entreprises est en hausse. Et le secteur de la construction sera stimulé lorsque le Congrès approuvera un accord bipartite dans le domaine des infrastructures, qui s’élève actuellement à un peu moins de 1 000 milliards de dollars sur cinq ans. Il n’en demeure pas moins que l’époque où le PIB enregistrait des gains exceptionnels semble être une chose du passé. La combinaison difficile de la pénurie d’approvisionnement, de la hausse des prix qui vient miner la demande et de l’incertitude liée au virus compensera en partie l’effet de l’épargne excédentaire, de la richesse record et de la hausse de l’emploi.
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La contraction de l’économie américaine au premier semestre de 2020 a marqué le repli le plus important de l’après-guerre. Mais ce fut aussi la période de récession la plus courte jamais enregistrée (seulement deux mois). De plus, compte tenu de la réaction massive sur le plan des politiques, l’économie a récupéré ses pertes en moins d’un an. Cependant, nous pourrions devoir attendre jusqu’au début de 2022 pour retrouver la croissance tendancielle que nous aurions probablement connue s’il n’y avait pas eu la crise.
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La reprise du PIB mondial cache des cicatrices profondes laissées par la récession et la pandémie en cours. De nombreux secteurs ne se sont toujours pas redressés, beaucoup d’entreprises n’ont pas survécu aux fermetures et le marché du travail prendra beaucoup plus de temps que le PIB à se rétablir. Ce dernier problème n’est pas tant dû à un manque de demande pour des travailleurs, mais plutôt aux changements dans le comportement de ces derniers provenant de la pandémie. De nombreuses personnes ont pris une retraite anticipée, tandis que plusieurs anciens travailleurs hésitent à retourner sur le marché du travail en raison de responsabilités en matière de garde d’enfants, d’inquiétudes concernant la santé et de prestations d’assurance-chômage supplémentaires. De plus, certains travailleurs ont changé de secteur d’activité, ce qui fait en sorte qu’il est difficile pour les employeurs les plus durement touchés, comme les restaurants, de retrouver du personnel maintenant que la demande reprend de la vigueur. Par conséquent, le nombre d’emplois non agricoles est toujours inférieur de 6,8 millions aux niveaux antérieurs à la pandémie (en date de juin). Des sondages menés auprès des entreprises indiquent que la pénurie de main-d’œuvre est un obstacle important en vue de pourvoir un nombre record de postes. Le taux de participation s’est maintenu à environ 1,7 point de pourcentage sous les niveaux d’avant la pandémie depuis l’été dernier. Plus de la moitié de ce recul est attribuable aux retraites anticipées, selon une étude de la Réserve fédérale de Dallas. La faiblesse du taux de participation pourrait faire passer le taux de chômage de 5,9 % actuellement à moins de 4 % d’ici la fin de 2022, mais elle freinera également la croissance. Par contre, le rythme de la reprise sur le marché du travail devrait encore dépasser celui du dernier cycle, ce qui pourrait contribuer à limiter les dommages pour l’économie.
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La pénurie de main-d’œuvre risque par ailleurs de maintenir l’inflation à un niveau élevé. Alors qu’il se situait à 5,4 % sur 12 mois en juin, l’indice des prix à la consommation (IPC) affiche déjà la croissance la plus rapide en 13 ans. La combinaison toxique d’une remontée des prix dans les secteurs durement touchés, de goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement, de prix élevés des ressources et d’un glissement annuel est en cause. L’inflation pourrait atteindre 6 % d’ici la fin de l’année si l’envolée des prix des maisons exerce une pression sur les loyers. Un nombre record de petites entreprises augmentent leurs prix et ont l’intention de continuer à le faire. Bien que certains produits de base, comme le bois d’œuvre et le cuivre, se soient repliés, les prix du gaz naturel ont doublé au cours de la dernière année, maintenant les indices élevés. Nous prévoyons que le taux de l’IPC s’établira en moyenne à 4,0 % en 2022, ce qui est bien au-dessus des prévisions consensuelles inférieures à 3 %, et ce, en supposant que la croissance des salaires demeure largement maîtrisée.
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Une baisse de la croissance conjuguée à une hausse de l’inflation représenterait normalement un dilemme pour la Réserve fédérale américaine. Mais n’oublions pas qu’elle souhaite une inflation plus élevée pour compenser une décennie de résultats inférieurs à la cible (bien qu’elle ne la souhaite pas aussi élevée sur une base soutenue). L’annonce de la politique monétaire du 28 juillet a confirmé que le Federal Open Market Committee (FOMC) est encore plus préoccupé par la croissance que par une inflation « temporaire », bien qu’il le soit moins qu’auparavant en raison du déploiement de la vaccination et de la capacité de l’économie à s’adapter en partie aux restrictions. Le comité pourrait bien annoncer une réduction des achats d’actifs (actuellement de 120 milliards de dollars par mois) avant la fin de l’exercice, mais il n’a pas l’intention de relever son taux directeur avant un certain temps, probablement pas avant le début de 2023, selon nous. Les investisseurs en obligations ont aussi acheté le scénario d’une inflation temporaire, faisant baisser le taux des obligations du Trésor à 10 ans de plus de 50 points de base depuis la fin du mois de mars, pour le ramener sous la barre de 1,2 %. Cette adhésion surprenante nous a amenés à réduire nos prévisions, même si nous prévoyons toujours que le taux à 10 ans passera à 1,5 % d’ici la fin de l’année, puis à 2,0 % à la fin de 2022, l’inflation affichant une persistance un peu plus forte que ce à quoi le marché s’attend.
Canada
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Alors que la croissance est en perte de vitesse aux États-Unis, elle est plutôt sur la bonne voie au Canada. Bien que le PIB mensuel se soit contracté au printemps en raison d’une troisième série de contraintes, l’assouplissement des restrictions a déclenché un rebond de 0,7 % en juin, selon le calcul initial de Statistique Canada. Cela devrait maintenir une croissance positive au deuxième trimestre, tout en ouvrant la voie à un gain annualisé de 6 % au troisième trimestre. La reprise s’est produite malgré un léger essoufflement du marché de l’habitation, qui représente désormais un pourcentage impressionnant de 10,3 % du PIB par rapport à une moyenne à long terme de moins de 6 % (les frais imposés par les courtiers immobiliers finissant réellement par s’additionner). Si la soupape de sûreté s’est déclenchée, c’est en raison de l’explosion des prix des maisons (l’indice de référence est en hausse de 24 % sur 12 mois), qui a entraîné une certaine lassitude chez les acheteurs. Mais même avec un marché de l’habitation fonctionnant relativement au ralenti, l’économie devrait croître de 6,0 % en 2021 et d’un solide 4,5 % l’an prochain.
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Bien entendu, les perspectives optimistes supposent qu’il n’y aura pas de hausse importante du nombre d’hospitalisations ni de nouvelles restrictions importantes. La progression du Canada vers le sommet de l’échelle mondiale en matière de vaccination le rend moins susceptible que la plupart des autres pays de fermer son économie de nouveau. Environ 80 % des Canadiens de 12 ans et plus ont reçu au moins une dose du vaccin, et le pays est en bonne voie d’avoir une proportion semblable de sa population entièrement vaccinée d’ici la fin du mois d’août. Cela devrait réduire la pression sur le système de santé, alors que le nombre de cas augmente inévitablement en raison du récent assouplissement des restrictions.
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Les préoccupations liées à la croissance mondiale ont donné un nouveau souffle au dollar américain, faisant chuter le huard, bien qu’il soit toujours l’une des devises les plus performantes cette année. Bien que nous ayons réduit nos prévisions, nous prévoyons toujours que le dollar canadien se raffermira à 1,20 $ CA (ou 0,83 $ US) d’ici la fin de 2022, en partie parce que la Banque du Canada devrait relever son taux directeur avant que la Réserve fédérale américaine ne relève le sien.
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La confiance de la Banque du Canada à l’égard des perspectives économiques a augmenté parallèlement à la hausse des taux de vaccination, mais elle prévoit toujours que l’écart de production se maintiendra jusqu’à la deuxième moitié de 2022. Bien que l’humeur positive ait entraîné une nouvelle réduction d’un milliard de dollars de son programme d’assouplissement quantitatif, qui est passé à deux milliards de dollars par semaine, la persistance de l’écart de production pourrait inciter la Banque à ne pas mettre à exécution sa menace de hausser son taux directeur avant au moins une autre année. Bien que l’inflation mesurée par l’IPC ait atteint 3,1 % en juin, elle est en baisse par rapport à un sommet atteint récemment, et les mesures de base ne dépassent en moyenne que légèrement la cible de 2 %. Bien que nous ayons devancé de quelques mois, à octobre 2022, nos prévisions concernant la décision de hausser son taux directeur pour la première fois que prendra la Banque, nous nous attendons toujours à une augmentation très graduelle, avec seulement six mouvements d’un quart de point, qui ramèneront le taux directeur à un niveau neutre de 1,75 % d’ici le début de 2025.
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