Repenser l’immigration au Canada
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Ottawa a publié son Plan des niveaux d’immigration annuel, qui comprend certains changements importants qui réduiront les rentrées nettes au cours des prochaines années. Dire que l’immigration est devenue l’un des principaux enjeux économiques au Canada est un euphémisme; en fait, elle se situe probablement tout en haut de la liste, compte tenu de ses répercussions importantes et généralisées. Voici quelques précisions et conséquences :
Cibles d’immigration permanente réduites
Les cibles annuelles de résidents permanents passeront à 395 000 en 2025, puis à 365 000 d’ici 2027. Il s’agit d’une diminution par rapport aux attentes de 485 000 cette année, et d’une baisse appréciable par rapport aux niveaux prévus de 500 000 par année à l’avenir.
En ce qui concerne la composition, il y aura des baisses générales, y compris pour les immigrants économiques dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés (fédéral) et du Programme des candidats des provinces, ainsi que pour les réfugiés et les personnes visées par des programmes pour les familles.Cela signifie que la croissance de la population attribuable à l’immigration permanente passera de 1,2 point de pourcentage par année à 0,9 point de pourcentage dans les années à venir. Bien que cette réduction semble modeste, elle est symbolique et rend encore plus difficile l’atteinte des cibles relatives aux résidents temporaires.
Plafonds pour les résidents temporaires – Le cœur du problème
Pour la première fois, Ottawa inscrit les cibles relatives aux résidents temporaires dans le Plan des niveaux d’immigration officiel. Ce plan vise à réduire le pourcentage de résidents temporaires à 5 % de la population d’ici 2026, alors qu’il est actuellement d’un peu plus de 7 %. C’est là que l’incidence vraiment importante se fait sentir, car elle implique des sorties nettes d’environ 445 000 résidents temporaires par année au cours des deux prochaines années. Ottawa a déjà annoncé des réductions du plafond d’admission des étudiants étrangers. De plus, des restrictions relatives à l’embauche de travailleurs étrangers temporaires ont été mises en place au cours des derniers mois. La priorité sera accordée aux travailleurs agricoles, et les travailleurs saisonniers ne seront pas touchés. Les rentrées de résidents temporaires ont été proportionnellement les plus élevées en Ontario et en Colombie-Britannique.
Il pourrait être difficile d’atteindre ces cibles, mais cela signifie que la croissance globale de la population canadienne sera à peu près nulle au cours des deux prochaines années. Il s’agirait d’un changement spectaculaire par rapport au taux actuel de plus de 3 %. Les résidents temporaires ont été à l’origine de la majeure partie de l’explosion démographique, ajoutant près de 2 points de pourcentage à la croissance de la population canadienne au cours de la dernière année, soit environ 800 000 personnes.
Vastes répercussions
La plus grande répercussion est que cela atténuera le stress sur l’économie et les infrastructures, qui est devenu presque débilitant au cours des dernières années – pensons au logement, aux services et aux infrastructures. La Banque du Canada considère que l’immigration a un effet neutre sur l’inflation au fil du temps. Le plus récent Rapport sur la politique monétaire supposait que la croissance de la population ralentirait à 1,5 % tout au long de son horizon de projection, de sorte qu’il y a un risque de baisse si Ottawa atteint ces cibles.
Bien que ce changement freinera la demande, toutes choses demeurant égales par ailleurs – pensons aux dépenses dans les secteurs du commerce de détail, de l’alimentation et des services de télécommunications – nous devons dissiper l’idée que le ralentissement de la croissance démographique nuira à l’économie. Le PIB réel par habitant stagne depuis 2016, tandis qu’aux États-Unis, il a augmenté de 16 %. De plus, la production par habitant du Canada a chuté lors de sept des huit trimestres écoulés depuis le deuxième trimestre de 2022. On peut soutenir que la hausse du nombre de résidents temporaires a détourné des ressources vers le marché de l’habitation et a permis aux entreprises de compter sur une main-d’œuvre à faible coût, au détriment de la productivité.
Les capacités excédentaires se développent sur le marché de l’emploi, car la création d’emplois ne peut pas suivre le rythme de la croissance de l’offre de main-d’œuvre. Il fait prendre en compte que l’augmentation de 1,7 point de pourcentage du taux de chômage depuis le milieu de 2022 est entièrement attribuable à la hausse de l’offre de main-d’œuvre, tandis que le chômage chez les jeunes (de 15 à 24 ans) a bondi au-dessus de 14 %. Les immigrants nouvellement arrivés au pays sont eux-mêmes aux prises avec un marché du travail difficile, le taux de chômage dans cette cohorte étant supérieur à 10 %. Bien que certains secteurs de l’économie canadienne demeurent aux prises avec des problèmes de pénurie de main-d’œuvre qualifiée (p. ex., métiers spécialisés et travailleurs de la santé), les entrées de travailleurs temporaires n’ajoutent pas grand-chose à l’offre de main-d’œuvre : en fait, elles créent plus de demande. Ces changements devraient graduellement réduire une certaine présence de capacités excédentaires sur le marché du travail en ralentissant la croissance de l’offre de main-d’œuvre.
Dans le cas du marché de l’habitation, ce changement atténuera les pressions sur les prix et les loyers, toutes choses étant égales par ailleurs (p. ex., réductions de taux et règles hypothécaires). Cela dit, le changement soudain des rentrées de résidents temporaires devrait clairement ralentir le marché locatif, au moment où un torrent d’offre inondera certaines régions (p. ex., copropriétés à Toronto).
La hausse du loyer moyen demandé à l’échelle du Canada a ralenti pour s’établir à seulement 2 % sur 12 mois, selon Rentals.ca, et des baisses absolues ont été observées dans certains marchés. Nous soutenons depuis longtemps que le Canada présente un problème de demande de logements. Ce changement de politique se fera sentir rapidement et fera en sorte que d’autres mesures du côté de l’offre sembleront presque comporter une erreur d’arrondi.
Consultez les graphiques à l’appui (en englais seulement).
Passez en revue les renseignements importants (en englais seulement)
Robert Kavcic s’est joint à la Banque de Montréal en 2006. Il joue un rôle clé dans l’analyse des tendances économique…(..)
Voir le profil complet >Ottawa a publié son Plan des niveaux d’immigration annuel, qui comprend certains changements importants qui réduiront les rentrées nettes au cours des prochaines années. Dire que l’immigration est devenue l’un des principaux enjeux économiques au Canada est un euphémisme; en fait, elle se situe probablement tout en haut de la liste, compte tenu de ses répercussions importantes et généralisées. Voici quelques précisions et conséquences :
Cibles d’immigration permanente réduites
Les cibles annuelles de résidents permanents passeront à 395 000 en 2025, puis à 365 000 d’ici 2027. Il s’agit d’une diminution par rapport aux attentes de 485 000 cette année, et d’une baisse appréciable par rapport aux niveaux prévus de 500 000 par année à l’avenir.
En ce qui concerne la composition, il y aura des baisses générales, y compris pour les immigrants économiques dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés (fédéral) et du Programme des candidats des provinces, ainsi que pour les réfugiés et les personnes visées par des programmes pour les familles.Cela signifie que la croissance de la population attribuable à l’immigration permanente passera de 1,2 point de pourcentage par année à 0,9 point de pourcentage dans les années à venir. Bien que cette réduction semble modeste, elle est symbolique et rend encore plus difficile l’atteinte des cibles relatives aux résidents temporaires.
Plafonds pour les résidents temporaires – Le cœur du problème
Pour la première fois, Ottawa inscrit les cibles relatives aux résidents temporaires dans le Plan des niveaux d’immigration officiel. Ce plan vise à réduire le pourcentage de résidents temporaires à 5 % de la population d’ici 2026, alors qu’il est actuellement d’un peu plus de 7 %. C’est là que l’incidence vraiment importante se fait sentir, car elle implique des sorties nettes d’environ 445 000 résidents temporaires par année au cours des deux prochaines années. Ottawa a déjà annoncé des réductions du plafond d’admission des étudiants étrangers. De plus, des restrictions relatives à l’embauche de travailleurs étrangers temporaires ont été mises en place au cours des derniers mois. La priorité sera accordée aux travailleurs agricoles, et les travailleurs saisonniers ne seront pas touchés. Les rentrées de résidents temporaires ont été proportionnellement les plus élevées en Ontario et en Colombie-Britannique.
Il pourrait être difficile d’atteindre ces cibles, mais cela signifie que la croissance globale de la population canadienne sera à peu près nulle au cours des deux prochaines années. Il s’agirait d’un changement spectaculaire par rapport au taux actuel de plus de 3 %. Les résidents temporaires ont été à l’origine de la majeure partie de l’explosion démographique, ajoutant près de 2 points de pourcentage à la croissance de la population canadienne au cours de la dernière année, soit environ 800 000 personnes.
Vastes répercussions
La plus grande répercussion est que cela atténuera le stress sur l’économie et les infrastructures, qui est devenu presque débilitant au cours des dernières années – pensons au logement, aux services et aux infrastructures. La Banque du Canada considère que l’immigration a un effet neutre sur l’inflation au fil du temps. Le plus récent Rapport sur la politique monétaire supposait que la croissance de la population ralentirait à 1,5 % tout au long de son horizon de projection, de sorte qu’il y a un risque de baisse si Ottawa atteint ces cibles.
Bien que ce changement freinera la demande, toutes choses demeurant égales par ailleurs – pensons aux dépenses dans les secteurs du commerce de détail, de l’alimentation et des services de télécommunications – nous devons dissiper l’idée que le ralentissement de la croissance démographique nuira à l’économie. Le PIB réel par habitant stagne depuis 2016, tandis qu’aux États-Unis, il a augmenté de 16 %. De plus, la production par habitant du Canada a chuté lors de sept des huit trimestres écoulés depuis le deuxième trimestre de 2022. On peut soutenir que la hausse du nombre de résidents temporaires a détourné des ressources vers le marché de l’habitation et a permis aux entreprises de compter sur une main-d’œuvre à faible coût, au détriment de la productivité.
Les capacités excédentaires se développent sur le marché de l’emploi, car la création d’emplois ne peut pas suivre le rythme de la croissance de l’offre de main-d’œuvre. Il fait prendre en compte que l’augmentation de 1,7 point de pourcentage du taux de chômage depuis le milieu de 2022 est entièrement attribuable à la hausse de l’offre de main-d’œuvre, tandis que le chômage chez les jeunes (de 15 à 24 ans) a bondi au-dessus de 14 %. Les immigrants nouvellement arrivés au pays sont eux-mêmes aux prises avec un marché du travail difficile, le taux de chômage dans cette cohorte étant supérieur à 10 %. Bien que certains secteurs de l’économie canadienne demeurent aux prises avec des problèmes de pénurie de main-d’œuvre qualifiée (p. ex., métiers spécialisés et travailleurs de la santé), les entrées de travailleurs temporaires n’ajoutent pas grand-chose à l’offre de main-d’œuvre : en fait, elles créent plus de demande. Ces changements devraient graduellement réduire une certaine présence de capacités excédentaires sur le marché du travail en ralentissant la croissance de l’offre de main-d’œuvre.
Dans le cas du marché de l’habitation, ce changement atténuera les pressions sur les prix et les loyers, toutes choses étant égales par ailleurs (p. ex., réductions de taux et règles hypothécaires). Cela dit, le changement soudain des rentrées de résidents temporaires devrait clairement ralentir le marché locatif, au moment où un torrent d’offre inondera certaines régions (p. ex., copropriétés à Toronto).
La hausse du loyer moyen demandé à l’échelle du Canada a ralenti pour s’établir à seulement 2 % sur 12 mois, selon Rentals.ca, et des baisses absolues ont été observées dans certains marchés. Nous soutenons depuis longtemps que le Canada présente un problème de demande de logements. Ce changement de politique se fera sentir rapidement et fera en sorte que d’autres mesures du côté de l’offre sembleront presque comporter une erreur d’arrondi.
Consultez les graphiques à l’appui (en englais seulement).
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