Prêts hypothécaires au Canada : Taux d’intérêt fixe ou variable?
Comme les coûts d’emprunt sont plus susceptibles de diminuer que d’augmenter (et de beaucoup dans une possible guerre commerciale), un prêt hypothécaire à taux variable pourrait être avantageux.
La baisse des taux d’intérêt a réveillé les marchés canadiens de l’habitation et des prêts hypothécaires. La croissance annuelle des prêts hypothécaires à l’habitation a atteint 4 % pour la première fois depuis le milieu de 2023 (graphique 1). Sentant que la banque centrale pourrait réduire davantage les taux, un plus grand nombre d’emprunteurs optent pour un prêt à taux variable. Mais est-ce le bon choix?
Si les taux évoluent comme nous le prévoyons, ce pourrait être le cas. Bien que les taux hypothécaires variables soient actuellement légèrement supérieurs aux taux fixes de cinq ans, il est peu probable qu’ils le demeurent. En supposant que la Banque du Canada réduise les taux directeurs de 25 points de base (pdb) en avril et de nouveau en juillet pour atteindre 2,5 % (et que les taux variables suivent), un taux variable pourrait être très payant. Nous estimons qu’un emprunteur qui verse une mise de fonds de 10 % sur une maison d’un demi-million de dollars financée sur 25 ans économiserait en moyenne 40 pdb par année par rapport à un prêt à taux fixe de cinq ans. Cela représente un peu plus de 100 $ par mois ou plus de 6 000 $ en cinq ans.
Le choix d’un taux variable pourrait également s’avérer avantageux si une guerre commerciale plombait l’économie; la Banque pourrait alors réduire les taux de façon agressive, possiblement de 100 pdb supplémentaires pour s’établir à 1,5 % (graphique 2). De plus, en supposant que les taux demeurent bas pendant une année complète, les emprunteurs profitant d’un taux variable économiseraient en moyenne 29 pdb supplémentaires en cinq ans, soit 74 $ de plus par mois. Non seulement ils bénéficieraient de taux potentiellement beaucoup plus bas, mais ils auraient également la possibilité de verrouiller leur taux en cas d’augmentation inattendue.
Nos prévisions pour le taux directeur correspondent à l’avis du marché, qui prévoit des réductions de taux de 50 pdb cette année. Cependant, rien ne garantit que la Banque réduira davantage les taux. Des commentaires récents suggèrent une approche plus patiente après la réduction des taux de 200 pdb, jusqu’à l’extrémité supérieure d’une fourchette neutre. La Banque a également été vague quant à son plan B pour les tarifs, compte tenu des conséquences incertaines sur l’inflation. Nous soupçonnons qu’une hausse du taux de chômage l’obligerait à mettre la prudence de côté. Si la Banque décidait de laisser les taux tels quels, opter pour le blocage pourrait être modérément rentable. De plus, l’économie pourrait se renforcer de façon importante si une guerre commerciale était évitée, ce qui entraînerait une reprise de l’inflation et l’abandon de certaines réductions de taux par la Banque. Dans un tel cas, un taux fixe serait clairement le meilleur choix. Même si les taux directeurs diminuaient légèrement, le fait de verrouiller des taux reflétant déjà les mesures d’assouplissement pourrait valoir le coût, afin d’être assuré contre le risque d’une hausse des taux d’intérêt. En fait, après avoir chuté de 1,5 point de pourcentage depuis novembre 2023 pour atteindre une moyenne d’environ deux décennies, les taux fixes de cinq ans se sont en grande partie normalisés.
Une troisième option à envisager est un taux fixe de moins de cinq ans. Cela donne l’occasion de refinancer à un taux peut-être beaucoup plus bas dans quelques années. Par exemple, le taux hypothécaire de trois ans est actuellement légèrement inférieur au taux de cinq ans et pourrait être renouvelé à un taux variable inférieur dans trois ans compte tenu des prévisions concernant les taux directeurs. Cela permettrait d’économiser en moyenne 20 pdb par année sur cinq ans par rapport au taux actuel de cinq ans. Bien qu’il s’agisse toujours de 20 pdb de plus que si l’on optait pour un taux variable aujourd’hui, le coût supplémentaire pourrait valoir la peine pour se protéger contre les hausses de taux potentielles.
Conclusion : À notre avis, les taux d’intérêt sont plus susceptibles de baisser que d’augmenter (et peut-être de beaucoup) ce qui donne à penser qu’un prêt hypothécaire à taux variable pourrait être une option attrayante lors d’un refinancement ou de l’achat d’une maison. Malgré tout, il s’agit d’une période extrêmement incertaine et les besoins de chaque emprunteur varient en fonction de ses finances personnelles et de sa tolérance au risque. Il est donc probablement préférable de s’adresser à un conseiller hypothécaire pour évaluer toutes les options.
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