Commerce, tarifs et moteurs à combustion interne : Ce que les concessionnaires surveilleront en 2025
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De la dynamique du secteur à l’évolution de la situation économique en passant par les élections américaines, les concessionnaires automobiles ne manquent pas de sujets à méditer. Pour avoir une idée de ce que tout cela signifie pour le secteur, Adam Doran, premier directeur général, Financement aux concessionnaires, s’est récemment entretenu avec Erik Johnson, économiste principal, BMO Marchés des capitaux, pour discuter de ce à quoi les concessionnaires canadiens peuvent s’attendre à court terme.
Leur conversation a porté sur le contexte de baisse des taux d’intérêt, la possibilité de nouvelles politiques commerciales et tarifaires aux États-Unis, la politique d’immigration révisée du Canada et l’avenir du moteur à combustion interne. Vous trouverez ci-dessous des codes temporels relatifs aux thèmes abordés pendant l’entretien :
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38 s | Le contexte de baisse des taux
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5 m 14 s | Du côté des importations
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8 m 40 s | Tarifs ayant une incidence sur le secteur de l’automobile
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14 m 31 s | Décisions des consommateurs dans un contexte de baisse des taux
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19 m 50 s | Durabilité dans le secteur de l’automobile
00:00:00:20 - 00:00:13:09
Adam Doran
Bonjour à tous. Merci d’être des nôtres. Je m’appelle Adam Doran, premier directeur général, Financement aux concessionnaires, BMO au Canada. Je suis accompagné aujourd’hui d’Erik Johnson, économiste principal à BMO Marchés des capitaux. Erik, merci d’être avec nous.
00:00:13:12 - 00:00:21:29
Erik Johnson
Oh, c’est avec plaisir, Adam. Ça fait toujours plaisir de se réunir pour parler de l’évolution du secteur et, bien sûr, de partager nos points de vue à l’ensemble de notre clientèle.
00:00:22:02 - 00:01:10:04
Adam Doran
C’est génial. À l’interne, nous avons recueilli beaucoup de questions de clients et de clients éventuels. Abordons maintenant quelques sujets brûlants. Comme vous le savez, les élections aux États-Unis ont eu lieu il y a quelques semaines à peine. Il y a de nombreux changements et plusieurs sujets font les manchettes. J’aimerais commencer par une question à trois volets. Commençons maintenant. Nous avons une question d’un de nos clients du segment des bateaux de plaisance. Il y a donc quelques points que nous voulons aborder. Lorsque vous pensez au contexte actuel de baisse des taux d’intérêt, même aux États-Unis, que pensez-vous du contexte de baisse des taux pour des segments comme les bateaux de plaisance et les véhicules récréatifs? Selon vous, quelles en seront les répercussions sur des éléments comme les taux d’inoccupation ou les stocks? Pouvez-vous essayer de décortiquer ces trois éléments? Nous allons commencer par un élément frappant.
00:01:10:06 - 00:01:43:05
Erik Johnson
Oui, tout à fait. Pour commencer, je crois qu’une façon de voir les segments des bateaux de plaisance et des véhicules récréatifs est qu’ils constituent en quelque sorte un microcosme de l’ensemble du secteur; en général, ce sont des achats un peu plus discrétionnaires que l’achat d’un véhicule personnel, qui est évidemment un bien dispendieux. Les véhicules personnels ont des caractéristiques discrétionnaires. Mais en fin de compte, beaucoup de gens peuvent en avoir besoin pour aller du point A au point B. Par contre, si j’achète un véhicule récréatif ou un bateau, cet achat est souvent plus lié à un passe-temps de loisir que je veux pratiquer pendant mes temps libres.
00:01:43:05 - 00:02:28:24
Erik Johnson
Ainsi, ce secteur a certainement été un peu plus victime du contexte actuel de hausse des taux d’intérêt et d’abordabilité réduite. Je crois qu’avant les élections, il y avait beaucoup d’incertitude à cet égard, parce que beaucoup d’entreprises et de ménages étaient un peu plus inquiets à l’idée de faire des investissements importants dans leur entreprise ou des dépenses plus discrétionnaires. Je crois donc que le secteur profitera un peu du seul fait que l’élection est maintenant chose du passé, du moins que l’issue est connue. Je crois que les thèmes que nous observons dans le secteur aujourd’hui devraient rester présents. Si nous parlons des véhicules récréatifs en particulier, depuis le début de l’année, le secteur semble assez bien se porter à première vue.
00:02:28:24 - 00:03:02:17
Erik Johnson
Par exemple, les expéditions de véhicules récréatifs dans l’ensemble des États-Unis ont augmenté d’un peu plus de 7 % depuis le début de l’année. Mais cela cache plusieurs éléments sous la surface. Je crois que cela reflète l’idée que dans un contexte comme celui dans lequel nous nous sommes trouvés, les consommateurs sont à la recherche d’aubaines. Où trouvent-ils ces aubaines? Ils les trouvent dans le segment des véhicules pouvant être remorqués, qui ont généré la presque totalité de ce gain depuis le début de l’année, alors que personne ne veut acheter les autocaravanes plus dispendieuses. En fait, leurs ventes ont baissé de près de 25 % sur 12 mois.
00:03:02:17 - 00:03:48:23
Erik Johnson
Je crois que cela reflète un peu la situation actuelle du secteur des bateaux de plaisance. Ce n’est pas qu’il y a un manque de demande pour le produit lui-même, mais c’est un contexte où le ménage moyen a parfois un peu plus de difficulté, après calculs, à trouver un produit abordable. Je ne crois pas que cela se traduira par des postes vacants d’une façon ou d’une autre cette année, et je pense qu’il y aura encore beaucoup de demande de ce côté-là. Concentrons-nous un peu plus sur le segment des bateaux de plaisance en particulier. Je crois que ce segment profite un peu plus du fait qu’il s’agit d’une activité à faible volume, alors que le segment des véhicules légers, dans l’ensemble, se trouve au sommet. Puis, après ce segment vient celui des véhicules récréatifs. Dans des segments comme celui-là, certains des ménages à revenu élevé génèrent une partie un peu plus grande des dépenses totales.
00:03:49:01 - 00:04:24:09
Erik Johnson
Certains des sondages que nous avons menés auprès de concessionnaires de bateaux de plaisance ont fait ressortir clairement un élément, que ces derniers ont même observé récemment lors du International Boat Show aux États-Unis, à savoir qu’il y a toujours une demande assez élevée pour des modèles de bateaux haut de gamme plus récents. Je crois que cela reflète le fait que les ménages à revenu plus élevé n’ont pas connu les mêmes effets des chocs macroéconomiques que nous avons observés. C’est l’une des choses que nous observons et qui diffère un peu dans ce segment. Encore une fois, tout produit dont le coût en capital est élevé sera certainement avantageux pour les consommateurs à mesure que les taux de financement baisseront.
00:04:24:09 - 00:04:51:22
Erik Johnson
Même si je dirais que le segment à plus long terme de la courbe est un peu plus important pour certains de ces coûts de financement, cela prendra probablement des taux à plus long terme que le taux des fonds fédéraux ou le taux du financement à un jour de la Banque du Canada. C’est certainement à tout le moins un obstacle potentiel mineur à l’horizon. Mais du côté des concessionnaires, à mesure que le taux des fonds fédéraux ou le taux du financement à un jour baisseront, cela aura un effet important sur la planification de l’établissement des coûts et le coût des stocks.
00:04:51:22 - 00:05:09:13
Erik Johnson
Je crois que c’est certainement la bonne nouvelle à l’approche de 2025. Cela aura des effets importants sur les concessionnaires qui pourraient avoir des stocks un peu plus importants qu’ils ne l’auraient pensé autrement, dans différents segments de la demande où les tendances sont les plus faibles. Je crois donc que ce sera avantageux pour eux à l’approche de l’année prochaine.
00:05:09:16 - 00:05:34:28
Adam Doran
Du côté des importations, de toute évidence, beaucoup d’articles sont fabriqués aux États-Unis. Les gens ont donc posé des questions au sujet du huard : à quel niveau touchera-t-il son creux? Y a-t-il un certain seuil sur lequel les gens peuvent se fier? D’après vous, comment les gens géreront-ils leur exposition aux autres devises alors que le huard a un peu reculé récemment? Pouvez-vous nous en parler un peu?
00:05:34:29 - 00:06:16:27
Erik Johnson
Absolument. Ce que nous avons observé avant les élections américaines et durant les semaines qui l’ont suivi, c’est l’idée que les marchés ont anticipé d’une certaine manière ce que nous aimons appeler l’effet Trump, soit l’idée que si Trump est élu, et il l’a certainement été, non seulement Trump a remporté la course à la Maison-Blanche, mais les républicains ont réussi à conserver la Chambre des représentants et à reprendre le Sénat. Il a donc un grand pouvoir discrétionnaire pour changer l’orientation de la politique américaine de la façon qu’il le souhaite. De toute évidence, s’il met en œuvre des tarifs douaniers et certaines autres politiques, ces politiques pourraient être un peu plus inflationnistes, mais elles auraient aussi tendance à renforcer le dollar américain par rapport aux autres devises.
00:06:17:04 - 00:06:57:23
Erik Johnson
C’est un contexte où l’on pourrait commencer à voir que l’effet Trump est plus marqué qu’il ne l’a été jusqu’à maintenant, parce que le huard fluctue autour de 1,40 $ US ou un peu moins, ayant clôturé à 0,70 $ CA. Je crois que cela ne reflète pas entièrement un monde où le Canada ne serait plus derrière un mur tarifaire américain. Par conséquent, si nous nous trouvons l’année prochaine dans un scénario où des tarifs douaniers de 10 % ou même plus s’appliquaient soudainement à tous les produits que nous expédions aux États-Unis, le dollar canadien subirait alors une baisse importante par rapport à aujourd’hui.
00:06:57:29 - 00:07:52:09
Erik Johnson
Selon nous, cela se produira au moins au cours des trois prochains mois, jusqu’à ce que nous puissions voir les éléments de base véritables des politiques. Encore une fois, je crois que ce qui pourrait calmer un peu la propension de Trump à frapper sans avertissement est le fait qu’il a choisi Howard Lutnick comme secrétaire au Commerce et semble prêt à nommer Scott Bessent comme secrétaire au Trésor. Ce sont deux personnes qui ont des compétences assez importantes sur les marchés financiers, contrairement à des personnes qui pourraient être un peu plus portées à avancer la visière baissée, en appliquant une politique tarifaire plutôt combative. D’après moi, ces éléments pourraient ajouter un peu de prudence quant à l’ampleur possible de ces tarifs au départ. Dans un tel contexte, le dollar américain devrait rester à peu près au même niveau qu’actuellement. Et il pourrait se renforcer légèrement à l’approche du jour de l’investiture. Cependant, lorsque la Fed reprendra ses réductions de taux en 2025, le dollar américain pourrait commencer à baisser.
00:07:52:15 - 00:08:05:26
Erik Johnson
Ce serait un contexte où le dollar canadien pourrait récupérer une partie du recul qu’il a enregistré ces deux derniers mois. Encore une fois, tout dépend de l’évolution du contexte politique, comme c’est le cas pour tout en ce moment.
00:08:05:26 - 00:08:06:12
Erik Johnson
En effet.
00:08:06:14 - 00:08:08:23
Erik Johnson
Les suites de l’élection américaine Mais je crois que ce sont les deux
00:08:08:23 - 00:08:36:05
Erik Johnson
scénarios que j’envisagerais. Donc, si j’ai des revenus importants en dollars américains, cela pourrait me procurer un certain potentiel de hausse. Je devrais peut-être couvrir maintenant une partie de ces revenus, simplement pour garantir une partie du rendement; ou encore, si je fais beaucoup d’acquisitions en gros lors d’enchères aux États-Unis, je pourrais envisager la couverture pour contrôler mes coûts. Auparavant, l’un ou l’autre de ces deux scénarios s’appliquait entièrement.
00:08:36:08 - 00:09:03:11
Adam Doran
Vous avez parlé de tarifs douaniers. De toute évidence, ce sont des mots intéressants à utiliser dans le segment des concessionnaires. Cela soulève deux questions à explorer. Premièrement, la question des tarifs douaniers sur les véhicules électriques fabriqués à l’étranger est un sujet d’actualité dans le secteur de l’automobile depuis un certain temps. D’après vous, quelle sera l’évolution de cette situation au Canada et aux États-Unis? L’autre question, soit l’expédition de véhicules vers les États-Unis, concerne plus précisément le secteur de l’automobile. Selon vous, quelle sera l’impact des tarifs douaniers sur le secteur de l’automobile?
00:09:03:13 - 00:09:42:08
Erik Johnson
Oui, je suppose qu’il est plus facile de répondre d’abord à la deuxième partie de votre question. Vous savez, des deux secteurs les plus exposés à ce genre de perturbation dans la politique commerciale mondiale du point de vue canadien, le secteur de l’énergie est le plus exposé. Parce que le pétrole est le produit commercial exporté aux États-Unis le plus avantageux pour nous. Et les produits automobiles viennent en deuxième place. Cela comprend tout, des pièces automobiles aux véhicules assemblés, en passant par tout le reste. Le défi actuel concernant la manière dont les chaînes d’approvisionnement ont été établies n’est pas que le Canada fabrique seulement des véhicules finis et les vend directement à des clients finaux aux États-Unis. En général, ce que nous faisons plutôt est de fabriquer certaines pièces pour une usine américaine.
00:09:42:08 - 00:10:06:05
Erik Johnson
Elles sont envoyées dans des installations aux États-Unis, puis ajoutées à un châssis. Tout ce châssis peut être renvoyé de l’autre côté de la frontière, et ce processus d’aller-retour peut souvent se poursuivre plusieurs fois. Si soudainement des tarifs douaniers de 10 % s’ajoutent de chaque côté de l’équation encore et encore, les coûts pourraient augmenter rapidement et considérablement dans un secteur qui souffre déjà un peu, les prix étant beaucoup plus élevés qu’ils ne l’étaient en 2019.
00:10:06:05 - 00:10:28:00
Erik Johnson
Vous savez, l’inflation des véhicules neufs est relativement faible ou nulle ces derniers temps. Mais les prix sont toujours d’environ 30 % plus élevés que leur niveau de 2019. Chaque fois qu’un client entre chez un concessionnaire, c’est une réalité avec laquelle il doit composer. S’il n’a pas déjà magasiné depuis un certain temps. Parce que lorsqu’il voit la mensualité pour un véhicule neuf, elle n’est pas seulement 50 $ de plus que le montant auquel il était habitué.
00:10:28:00 - 00:10:48:18
Erik Johnson
La mensualité peut souvent dépasser de 300 $, voire 400 $ le montant qu’il avait l’habitude de payer. Je crois donc qu’il serait très difficile pour le secteur d’ajouter un montant important aux prix actuels. Encore une fois, j’espère vraiment que le point de vue de personnes plus brillantes prévaudra dans une telle situation, parce que les consommateurs canadiens ne seront pas les seuls perdants à cet égard.
00:10:48:23 - 00:11:27:27
Erik Johnson
Vous savez, environ 80 % des véhicules que nous assemblons au pays sont envoyés au sud de la frontière. Cela augmentera graduellement les coûts d’accès aux modèles de véhicules neufs pour les clients américains moyens. Bon nombre de ces personnes vivent dans des districts qui ont à la fois voté pour Trump, à des marges assez élevées, et pour les républicains à la Chambre des représentants et au Sénat. Encore une fois, dans une certaine mesure, cela irait à l’encontre de leurs intérêts, de la même façon que ce sont surtout des usines ou des raffineries du Midwest qui importent notre pétrole. Ainsi, si les Américains veulent imposer des tarifs douaniers de 10 % sur nos exportations, vous le ressentiriez certainement.
00:11:27:29 - 00:11:34:04
Erik Johnson
Du côté des véhicules électriques, le défi, comme pour la plupart des véhicules actuellement, c’est le coût.
00:11:34:06 - 00:11:34:18
Erik Johnson
C’est exact.
00:11:34:18 - 00:11:57:09
Erik Johnson
Le prix de la plupart des véhicules électriques dépasse en moyenne de 8 000 $ à 9 000 $ celui d’un véhicule traditionnel semblable. Tout ce qui pourrait augmenter encore plus cette différence de coûts crée une difficulté, comme nous l’avons vu avec l’idée de limiter l’accès à notre marché ou certainement d’augmenter le prix des certains véhicules électriques fabriqués à l’étranger.
00:11:57:16 - 00:12:21:17
Erik Johnson
Je crois que cela fera grimper les prix de manière importante. Je pense que d’autres aspects des politiques américaines pourraient, encore une fois, ralentir un peu les ventes. Ainsi, si la nouvelle administration américaine devait proposer d’éliminer les crédits d’impôt actuels compris dans la loi américaine sur la réduction de l’inflation, cela ferait probablement augmenter un peu plus la marge entre les véhicules traditionnels et les véhicules zéro émission.
00:12:21:22 - 00:12:38:14
Erik Johnson
Et chaque fois que vous augmentez fortement le prix d’un bien, vous en vendez moins. Si l’on prend l’exemple de l’Allemagne qui a supprimé certains de ses crédits d’impôt, les ventes de véhicules électriques ont ralenti d’un peu moins de 30 % sur 12 mois.
00:12:38:17 - 00:12:53:03
Erik Johnson
C’est donc un phénomène que l’on pourrait observer en cas de tarifs douaniers plus élevés qui feraient grimper les coûts d’assemblage des véhicules électriques au Canada et aux États-Unis, conjugués à d’autres changements concernant les subventions à l’achat.
00:12:53:03 - 00:13:04:03
Adam Doran
D’accord. Parlant de commerce international, que pensez-vous d’un éventuel remaniement de l’ACEUM?
00:13:04:05 - 00:13:26:11
Erik Johnson
Oui. Je pense que ce sera peut-être le cas si la première année de la présidence de Trump se déroule un peu plus calmement pour le Canada et pour les perspectives commerciales mondiales. Je crois que les limites seront certainement un peu plus marquées, dans cette mesure, parce que je crois que l’enjeu est plus important avec la renégociation de l’ACEUM.
00:13:26:11 - 00:13:57:10
Erik Johnson
Je crois que pour le Canada et les États-Unis, si Trump choisit un pays contre lequel il veut vraiment réaliser des gains, il le fera certainement à l’encontre du Mexique, du moins en ce qui concerne le secteur automobile. Dans un tel contexte, il se peut que le Canada et les États-Unis en bénéficieraient quelque peu si des dispositions plus rigoureuses étaient imposées, comme celle concernant le pourcentage de pièces de base qui doivent venir de pays à salaires élevés. C’est peut-être un contexte où le Canada ferait un peu mieux du côté de la production.
00:13:57:10 - 00:14:14:09
Erik Johnson
En ce moment, la production nord-américaine dans son ensemble est à peu près revenue au niveau d’avant la pandémie. Au niveau de la production, les États-Unis et le Mexique s’en sortent bien à tout le moins, sinon mieux. Mais le Canada est toujours très en retard, même par rapport au niveau de 2017.
00:14:14:11 - 00:14:29:29
Erik Johnson
Ainsi dans une certaine mesure, si ces négociations tournent davantage autour des pays à salaires élevés de l’ACEUM, cela pourrait conférer un avantage supplémentaire au Canada. Cela si nous pouvons bien jouer nos cartes du point de vue des négociations sur la politique commerciale.
00:14:30:01 - 00:14:53:22
Adam Doran
J’aimerais maintenant parler un peu du volume. Dans un contexte de baisse des taux, de toute évidence, beaucoup de gens accueillent favorablement cette situation. Selon vous, quels en seront les effets sur les décisions des consommateurs concernant l’achat ou la location de véhicules neufs? Et deuxième partie de ma question, les gens devraient-ils s’inquiéter de la possibilité d’une remontée de l’inflation si nous réduisons les taux trop rapidement?
00:14:53:25 - 00:15:12:04
Erik Johnson
Oui. Encore une fois, je crois que nous avons parlé de certains risques du côté des prix, qu’il s’agisse des tarifs douaniers ou de l’inflation qui pourrait en résulter, ce qui compliquerait probablement aussi la politique de la banque centrale et maintiendrait les taux élevés, faisant en sorte que les prix seraient encore moins abordables plus longtemps.
00:15:12:06 - 00:15:31:24
Erik Johnson
Mais je crois que ce que nous avons observé dans le secteur de l’automobile, en particulier en 2024, c’est le retour à un marché d’acheteurs plutôt que de vendeurs purs, ce qui semble un peu désavantageux du point de vue des concessionnaires. Mais nous avons connu plus ou moins les deux ou trois meilleures années que nous ayons jamais vues du point de vue des vendeurs.
00:15:31:24 - 00:15:50:16
Erik Johnson
Il est donc naturel de penser qu’il faut revenir un peu à la moyenne. C’est certainement ce que l’on constate en examinant les marges brutes, qui sont certainement conformes à leur niveau de 2019. Encore une fois, plusieurs concessionnaires ont fait de très bonnes affaires dans ce secteur. Mais je crois qu’à l’avenir, le secteur sera davantage axé sur le volume plutôt qu’uniquement sur les marges.
00:15:50:16 - 00:16:10:05
Erik Johnson
Encore une fois, nous nous attendons à coup sûr à ce que les volumes atteignent cette année un peu moins de 1,9 million au Canada et un peu moins de 16 millions aux États-Unis. Et une valeur un peu plus élevée par la suite. En 2025, le volume s’approchera peut-être de 2 millions au Canada et pourrait dépasser 16 millions aux États-Unis.
00:16:10:08 - 00:16:24:29
Erik Johnson
Mais encore une fois, je crois que le marché se concentrera beaucoup plus sur certains véhicules un peu plus compacts et moins dispendieux, et l’acheteur qui ira chez un concessionnaire pourra mieux respirer avec des mensualités un peu plus basses.
00:16:24:29 - 00:16:45:18
Erik Johnson
C’est assurément une tendance que nous avons observée au cours des trois premiers trimestres de 2024. Je m’attends à ce que ça se poursuive jusqu’à ce qu’on constate cette tension lorsque la progression des revenus sera terminée. Et bien sûr, la croissance des prix a été beaucoup plus élevée dans ce secteur en tenant compte des taux d’intérêt. Il faudra probablement de quatre à cinq ans pour que ce processus soit entièrement terminé.
00:16:45:21 - 00:17:00:16
Erik Johnson
Encore une fois, voilà comment j’entrevois les secousses dans le secteur au cours des prochaines années. Mais du point de vue de l’acheteur, ça deviendra plus facile d’aller chez un concessionnaire et de lui dire : oh, ces calculs semblent bien meilleurs qu’ils l’étaient il y a un an ou deux.
00:17:00:16 - 00:17:22:05
Erik Johnson
Je crois donc que le seul défi potentiel du côté des voitures d’occasion, évidemment, c’est que nous n’avons pas conclu beaucoup de contrats de location il y a deux ou trois ans. Vous savez, on commence maintenant à constater le manque de voitures d’échange. Mais encore une fois, je crois que le secteur s’améliorera du point de vue des acheteurs. Cela va naturellement faire augmenter les volumes au cours des deux prochaines années.
00:17:22:08 - 00:17:46:06
Adam Doran
Parlons un peu plus du volume. Au Canada, nous avons évidemment connu une poussée de l’immigration ces dernières années. Le ton du gouvernement fédéral a changé un peu à cet égard récemment. Penchons-nous sur les répercussions de l’immigration sur le secteur de l’automobile, du point de vue des ventes ou des services. Selon vous, quel sera l’effet de ce changement sur les attentes possibles des concessionnaires concernant l’achalandage de leur concession?
00:17:46:08 - 00:18:12:04
Erik Johnson
Oui. J’aimerais aborder deux points ici. Tout d’abord, si l’on pense aux gains progressifs que l’économie a ajouté aux concessionnaires d’automobile et au secteur de l’automobile ces dernières années, cela a certainement entraîné une certaine augmentation des ventes. Je m’attends donc à un léger recul de ces ventes au cours des deux prochaines années, parce que la croissance de la population canadienne sera en moyenne stable ou en légère baisse.
00:18:12:04 - 00:18:28:23
Erik Johnson
Tout cela viendra dans une large mesure d’une partie des gens qui sont plus susceptibles d’assumer ces rôles. Mais je crois qu’il faut se rappeler que deux choses vont se passer ici. Oui, la population du Canada ne va peut-être pas croître aussi rapidement, mais il faut aussi penser au fait que les dépenses par habitant ont été très faibles.
00:18:28:29 - 00:18:51:18
Erik Johnson
En moyenne, la croissance de notre population ralentit, mais les gens qui restent dans le pays devraient voir les taux d’intérêt baisser à l’avenir. Ces personnes forment généralement des ménages à revenu un peu plus élevé en moyenne que certains des nouveaux arrivants. Nous pourrions donc nous retrouver dans un contexte où, par exemple, l’acheteur type a une perspective de flux de trésorerie et d’abordabilité un peu plus favorable en moyenne.
00:18:51:20 - 00:19:09:26
Erik Johnson
Je crois que c’est le seul avantage. Du côté des services, il a toujours été difficile de pourvoir les postes de technicien dans ce contexte. La difficulté se posera sans doute davantage sur les marchés où il est ardu de trouver des immigrants ou des travailleurs pour combler ces postes de techniciens.
00:19:10:02 - 00:19:28:27
Erik Johnson
Ça deviendra de plus en plus difficile d’y arriver. Je crois donc qu’il faudra vraiment mettre en place une stratégie qui permettra encore d’embaucher des travailleurs dans le cadre d’un volet de rémunération élevée ou d’un autre programme, afin de pouvoir accéder à des travailleurs dans un éventail de technologies et de compétences pour occuper ces postes.
00:19:28:27 - 00:19:46:22
Erik Johnson
Encore une fois, je crois que c’est parfois révélateur. Oui, vous savez, le nombre de personnes est important, mais le type de personnes que l’on cible dans le cadre de la politique d’immigration a vraiment de l’importance. Vous savez , il s’agit d’une situation dans laquelle nous pourrions faire beaucoup mieux pour cibler l’immigration afin de combler des postes où il y a une pénurie de main-d’œuvre, comme les gens de métier et certainement les techniciens de l’automobile.
00:19:46:25 - 00:20:06:03
Adam Doran
J’ai une dernière question pour vous, Erik. Vous avez un peu parlé de l’abordabilité. Pour l’avenir, peut-être au cours des 6 à 12 prochains mois, comment décririez-vous le sujet de la durabilité dans le secteur de l’automobile? Et comment anticipez-vous la répartition entre les véhicules électriques et les véhicules thermiques traditionnels?
00:20:06:09 - 00:20:22:20
Erik Johnson
Oui. Je crois qu’à l’avenir, le marché des véhicules hybrides à essence gagneront en popularité, surtout aux États-Unis. Je crois que nous le constatons déjà en 2024. C’est une tendance qui va demeurer, selon moi. Et elle pourrait même se renforcer un peu plus si certains des incitatifs à l’achat sont éliminés ou réduits de manière importante.
00:20:22:25 - 00:20:43:06
Erik Johnson
Je crois qu’au Canada, nous allons continuer de voir un marché fortement divisé en deux parties, avec des provinces comme le Québec et la Colombie-Britannique où l’économie et les infrastructures sont beaucoup plus avancées. Vous savez , ces marchés vont continuer de faire très bonne figure. Selon les premières estimations pour le Québec au troisième trimestre de cette année, un véhicule neuf sur trois est un véhicule à zéro émission.
00:20:43:06 - 00:21:12:24
Erik Johnson
Cette situation est donc très différente de celle qui existe dans le reste du Canada. En ce qui concerne la durabilité, comme vous le savez , l’électricité aujourd’hui, du moins dans certains grands marchés, continue de devenir un peu plus chère. Comme vous le savez, les concessionnaires logent dans de très grands immeubles commerciaux. Par conséquent, je crois que ça va susciter beaucoup d’intérêt de la part des concessionnaires, et c’est déjà le cas, pour trouver des façons de réduire leurs factures d’énergie en profitant de certains crédits pour la réduction des émissions.
00:21:12:24 - 00:21:29:17
Erik Johnson
Je pense que cette tendance va se poursuivre dans un environnement où l’on mettra beaucoup l’accent sur la réduction de l’empreinte écologique des immeubles en particulier. Et s’il y a une chose que vous devez retenir au sujet du secteur des concessionnaires en particulier, c’est que la vente de véhicules est un élément important du secteur.
00:21:29:17 - 00:21:32:09
Erik Johnson
Et l’autre élément est le fait que les concessionnaires possèdent beaucoup d’immeubles commerciaux.
00:21:32:13 - 00:21:32:17
Adam Doran
Oui.
00:21:32:21 - 00:21:41:10
Erik Johnson
Vous savez , je crois qu’il y aura aussi de nombreuses occasions de réaliser des économies à long terme dans le cadre de ces initiatives.
00:21:41:12 - 00:22:01:13
Adam Doran
Erik, je vous remercie infiniment. J’apprécie grandement de vous avoir eu parmi nous et de nous avoir fait part de vos observations. Tous ceux qui nous écoutent en direct ou sur le balado peuvent communiquer avec moi à l’adresse courriel adam.doran@bmo. com ou avec Erik à l’adresse courriel erik.johnson@bmo.com. N’hésitez pas à nous contacter! Vous pouvez aussi faire un suivi auprès de vos directeurs, Gestion relationnelle.
00:22:01:13 - 00:22:07:17
Adam Doran
Erik , encore une fois, merci beaucoup d’avoir participé et j’espère que tous les auditeurs ont trouvé cette rencontre utile. À bientôt.
00:22:07:19 - 00:22:08:03
Erik Johnson
Merci beaucoup.
Andre Salvi
Vice‐président principal et chef, Financement aux concessionnaires
416-643-4414
Andre Salvi est Vice‐président principal et chef, Financement aux concessionnaires, Canada. Il s’est joint à BMO en 1999 et a occ…(..)
Voir le profil complet >De la dynamique du secteur à l’évolution de la situation économique en passant par les élections américaines, les concessionnaires automobiles ne manquent pas de sujets à méditer. Pour avoir une idée de ce que tout cela signifie pour le secteur, Adam Doran, premier directeur général, Financement aux concessionnaires, s’est récemment entretenu avec Erik Johnson, économiste principal, BMO Marchés des capitaux, pour discuter de ce à quoi les concessionnaires canadiens peuvent s’attendre à court terme.
Leur conversation a porté sur le contexte de baisse des taux d’intérêt, la possibilité de nouvelles politiques commerciales et tarifaires aux États-Unis, la politique d’immigration révisée du Canada et l’avenir du moteur à combustion interne. Vous trouverez ci-dessous des codes temporels relatifs aux thèmes abordés pendant l’entretien :
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38 s | Le contexte de baisse des taux
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5 m 14 s | Du côté des importations
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8 m 40 s | Tarifs ayant une incidence sur le secteur de l’automobile
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14 m 31 s | Décisions des consommateurs dans un contexte de baisse des taux
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19 m 50 s | Durabilité dans le secteur de l’automobile
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