Les ventes de maisons existantes au Canada ont augmenté de 4,6 % en février après désaisonnalisation (-8,2 % sur 12 mois), la demande étant demeurée vigoureuse avant la hausse des taux d’intérêt par la Banque du Canada au début du mois de mars. Encore une fois, nous répétons que c’est la demande qui a explosé, le niveau des ventes du mois de février étant d’environ 35 % supérieur au niveau d’avant la pandémie de COVID-19.
De nouvelles inscriptions sont arrivées sur le marché à un rythme soutenu au milieu de l’hiver, et les inscriptions désaisonnalisées ont bondi de 23,7 % au cours du mois. Cet afflux de nouvelles inscriptions a en fait contribué à améliorer l’équilibre du marché, le ratio ventes-nouvelles inscriptions étant passé de 89 % le mois précédent à 75,3 %. Ces chiffres dressent le portrait d’un marché encore très, très tendu, mais ils fournissent un aperçu de la rapidité avec laquelle l’équilibre pourrait être modifié en fonction de l’évolution de l’humeur sur le marché.
N’oubliez pas que la demande a été stimulée par une anticipation de la hausse des prix et par une tentative de dernière minute de fixer des taux hypothécaires de creux de cycle, tandis que l’offre a probablement été freinée par ces mêmes attentes en matière de prix (pourquoi mettre en vente sa propriété aujourd’hui si on peut obtenir 10 % de plus en la mettant en vente demain?). L’humeur peut changer en un rien de temps sur le marché de l’immobilier, et celui-ci pourrait très rapidement parvenir à un équilibre dès qu’il sentira une baisse des prix. Mais nous n’en sommes pas encore là, car au rythme actuel des ventes, les stocks d’habitations sur le marché se sont fixés à une valeur équivalant à la quantité d’habitations mises en vente au cours d’une période de 1,6 mois – un creux record.
Dans ce contexte, les prix ont continué à grimperen février, l’indice MLS des prix des propriétés ayant augmenté de 3,5 % – le gain mensuel le plus élevé jamais enregistré pour cet indice. Cela dépasse de loin le rythme observé il y a un an, et même celui de la période la plus rapide du début de l’année 2017. La croissance des prix à l’échelle nationale s’établit donc à 29,2 % sur 12 mois, à 39,5 % sur une base annualisée au cours des six derniers mois, et à 44 % sur une base annualisée au cours des trois derniers mois.
Mais voilà : Nous sommes depuis longtemps sensibles à certains des problèmes liés à l’offre. Cependant, lorsque les prix augmentent de manière exorbitante (près de 50 % sur une base annualisée), lorsque les attentes se sont ancrées, lorsque ce sont les investisseurs qui stimulent la demande supplémentaire et lorsque les Canadiens achètent des copropriétés en prévente à l’autre bout du pays, ces problèmes à long terme deviennent quelque peu banals.
Faits saillants régionaux : Le marché immobilier de Calgary a monté en flèche, le prix de référence ayant connu une augmentation de 34,6 % sur une base annualisée au cours des trois derniers mois – la plus forte hausse depuis les jours grisants de 2006. Les propriétés relativement abordables et le pétrole à 100 $ le baril ont clairement orienté les investisseurs vers ce marché.
Faits saillants sur le secteur: Les copropriétés sont revenues en force. À Toronto, les prix des copropriétés ont augmenté de plus de 44 % sur une base annualisée au cours des trois derniers mois, toujours derrière les maisons individuelles (+59,3 %), mais plus de beaucoup.
Dans une autre publication, les mises en chantier au Canada ont atteint 247 300 unités annualisées en février. Bien que les mois d’hiver et la désaisonnalisation des données puissent faire varier considérablement un indicateur comme le font les nouvelles mises en chantier, la réalité est que l’activité dans le secteur de la construction résidentielle au Canada n’a jamais été aussi soutenue. La moyenne de mises en chantier sur 12 mois s’établit à 268 000 unités, soit un peu moins que les niveaux record établis à la fin de l’année dernière. Le nombre de maisons en construction atteint maintenant 300 000 unités, un sommet historique – et de loin. Il en va de même après ajustement en fonction de la taille de la population. Cela dit, les problèmes de composition de l’offre persistent : À l’heure actuelle, six unités d’habitation sont en construction pour chaque maison individuelle en cours de construction au Canada, à un moment où la demande d’espace des millénariaux arrive à un sommet.
En conclusion: Le marché canadien de l’habitation est sur le point de se heurter de plein fouet à la hausse des taux d’intérêt, et les prochains mois pourraient être révélateurs à ce sujet. Fondamentalement, il faudra encore un certain nombre de mois avant que les taux variables augmentent suffisamment pour qu’on en ressente les effets, et avant que les préautorisations à faible taux soient reconduites. Mais l’humeur sur le marché peut très
Table 1 - Canada — Ventes de maisons existantes
(% de variation)
Source: BMO Economics, Haver Analytics, CREA
Table 2 - Canada — Mises en chantier
(milliers d’unités : taux annuels)
Source: BMO Economics, Haver Analytics
Déclarations de divulgation importantes (en anglais seulement).