Au Canada, les ventes de maisons existantes ont chuté de 3,1 % sur un mois en février, après désaisonnalisation, ce qui porte à croire que le chemin de l’activité immobilière vers de meilleurs jours, par rapport aux niveaux moroses de l’an dernier, sera cahoteux. Il est vrai que le volume des ventes a été fort, à 19,7 %, comparativement à il y a un an. Mais les deux premiers mois de 2023 ont été les plus lents de la dernière décennie (si nous omettons les mois marqués par les mesures de confinement pandémiques du printemps 2020), de sorte que la comparaison est facile. Dans l’ensemble, les ventes le mois dernier ont été inférieures d’environ 6 % à la moyenne sur 10 ans.
Toutefois, même si les ventes ont légèrement reculé après un bon rebond au début de l’année, les nouvelles inscriptions ont progressé de 1,6 % sur 12 mois et fortement augmenté également (+24 %) par rapport aux faibles niveaux d’il y a un an. À l’instar des ventes, les inscriptions demeurent inférieures à la moyenne à long terme, de sorte que le ratio ventes-nouvelles inscriptions reste proche de l’équilibre. Le ratio a légèrement baissé pour s’établir à 55,6 % en février, ce qui se situe presque au milieu de ce qui est considéré comme une fourchette normale (de 45 % à 65 %).
Compte tenu de l’équilibre général entre l’offre et la demande, il est donc peu surprenant que les prix soient en grande partie stables. L’indice des prix des propriétés du système de gestion des prêts hypothécaires (MLS) a fait du surplace sur une base mensuelle, mais a tout de même rompu avec une tendance baissière qui durait depuis cinq mois, ce qui s’est traduit par une légère hausse de 0,8 % sur 12 mois. Les prix ont donc enregistré un recul de 14 % par rapport au sommet atteint il y a deux ans exactement, soit juste avant que la Banque du Canada ne commence à relever son taux. L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) en avait long à dire sur le fait qu’en un mois seulement, les prix étaient passés d’une baisse de 1,3 % sur un mois en janvier à un niveau stable en février; il s’agit du quatrième changement positif en importance des 15 dernières années. Nous ne voulons pas être rabat-joie, mais il est peu probable que le résultat final d’une fluctuation stable des prix d’un mois à l’autre suscite beaucoup d’émotion.
Non ajustés aux variations de la composition et de la qualité, les prix moyens des transactions ont progressé de 3,5 % sur 12 mois, en particulier grâce aux gains à deux chiffres réalisés dans les deux grandes villes de l’Alberta. En fait, les prix à Calgary ont grimpé de près de 13 % au cours des deux dernières années – depuis que les taux d’intérêt ont commencé à monter – ce qui est tout à fait à l’opposé des prix dans le reste du pays. Dans la plupart des villes, les prix se sont en grande partie stabilisés au cours de la dernière année, et peu d’entre eux sont maintenant en baisse sur 12 mois (seulement dans 3 des 25 plus grandes villes). Malgré tout, le sud de l’Ontario demeure peuplé de villes qui ont enregistré des baisses de 20 % à 25 % par rapport aux sommets atteints il y a deux ans.
Conclusion : Malgré le léger assouplissement des conditions le mois dernier (diminution des ventes, hausse des inscriptions), les prix se sont stabilisés en février après une tendance baissière de cinq mois. Malgré le plus récent recul modéré des ventes, les données des derniers mois donnent à penser que le marché de l’habitation atteint un creux. Le prochain test consiste à déterminer si la récente hausse des taux obligataires – ceux à cinq ans ont augmenté de plus de 40 points de base (PDB) depuis le début de 2024 – pèse sur l’humeur des investisseurs et l’activité immobilière. En même temps, la Banque du Canada a toujours prôné la patience et n’est pas pressée de donner un répit sous la forme d’une baisse de taux. Néanmoins, la croissance effrénée de la population ces dernières années est une énorme source de soutien pour le secteur immobilier, et lorsque les taux commenceront à baisser, nous nous attendons à ce que l’activité reprenne très rapidement.
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