Le marché canadien de l’habitation est resté sous pression en mars, les ventes et les prix ayant davantage fléchi. Si l’hiver a été difficile dans de nombreuses régions, il n’en demeure pas moins une faiblesse sous-jacente évidente : les stocks s’accumulent, les investisseurs demeurent absents et d’autres acheteurs potentiels perdent confiance dans le contexte de guerre commerciale. Force est de constater que la motivation des acheteurs est toujours très faible, voire inexistante dans quelques régions.
Les ventes de maisons existantes ont chuté de 4,8 % en mars, après désaisonnalisation, soit le quatrième mois de suite en baisse. C’est une baisse des ventes de 9,3 % par rapport à il y a un an et, en termes bruts, le mois de mars le plus faible depuis le creux de la récession de 2009. Malgré la baisse des taux de la Banque du Canada, l’abordabilité s’en porte à peine mieux, surtout que les taux fixes de cinq ans se maintiennent tout juste au-dessus de 4 %.
Les nouvelles inscriptions ont augmenté de 3,0 % au cours du mois et sont en hausse de 13,1 % par rapport à il y a un an. Cette combinaison a nui à l’équilibre du marché en mars. Le ratio ventes-nouvelles inscriptions à l’échelle nationale a chuté à 45,9 %, soit le niveau le plus bas depuis 2009 (et le milieu des années 1990). L’offre mensuelle de maisons à vendre est également en hausse, atteignant 5,1 au cours du mois (un niveau d’avant la pandémie observé pour la dernière fois en 2019). Il ne s’agit pas d’un important excédent des stocks à l’échelle nationale, mais les tendances laissent présager un ralentissement.
Les conditions difficiles ont fait baisser les prix en mars, et la faiblesse s’accélère. Le prix de référence des propriétés MLS a chuté de 1 % après désaisonnalisation (-11,9 % en taux annualisé), une deuxième baisse mensuelle de suite, établissant le taux de croissance sur 12 mois à -2,1 %.
La faiblesse est principalement attribuable à l’Ontario, où les marchés d’acheteurs sont évidents dans plusieurs villes. À Toronto, la surabondance de copropriétés sur le marché de la revente marque l’un des points les plus faibles de l’immobilier canadien, les prix ayant diminué de 4,5 % sur 12 mois. Les prix des maisons unifamiliales à Toronto sont aussi inférieurs aux niveaux d’il y a un an, après avoir chuté en mars. Les marchés des copropriétés dans les petites villes du sud de l’Ontario (notamment Barrie, Niagara et London) s’en tirent encore moins bien.
De plus, le ralentissement du marché de Vancouver et d’autres parties de la Colombie-Britannique se poursuit dans la foulée de l’abondance de nouvelles inscriptions sur le marché au début de l’année.
En revanche, les marchés du Québec et ceux plus à l’Est sont presque tous serrés, car la hausse constante des ventes surpasse la hausse des nouvelles inscriptions.
Les marchés des vendeurs d’Edmonton, de Regina et de Winnipeg sont tous solides et continuent de surpasser les moyennes nationales en ce qui a trait à l’équilibre du marché et à la croissance des prix. Les prix sur ces marchés sont tous revenus à des sommets records par rapport à la correction récente et, contrairement aux marchés comme Toronto et Vancouver, les nouvelles inscriptions sont très stables. Le marché de Calgary a commencé à ralentir au cours des derniers mois, y compris en mars, mais ce marché demeure équilibré.
Dans l’ensemble, la baisse des taux hypothécaires n’a pas encore stimulé l’activité du marché, et la confiance a manifestement été touchée par la guerre commerciale. On pourrait même dire qu’une grande partie du sud de l’Ontario et certaines régions de la Colombie-Britannique sont des marchés baissiers pour l’habitation, alors que d’autres régions du Canada demeurent relativement solides.
Dans une publication distincte, le nombre annualisé de mises en chantier au Canada a chuté à 214 000 unités en mars, le ralentissement remontant jusqu’en novembre dernier. La moyenne sur six mois est maintenant de 235 000 unités annualisées, la moyenne sur 12 mois est de 240 000 unités et le sommet annuel établi en 2021 était supérieur à 270 000 unités. Cela s’explique par le ralentissement marqué de la croissance de la population et par le fait que le bassin de projets de construction en cours se heurte aux conditions difficiles du marché de la revente, surtout en Ontario et en Colombie-Britannique (et il est encore tôt sur ces fronts). Soulignons que le nombre annualisé de mises en chantier en Ontario a chuté à 39 000 en mars, pratiquement aussi peu qu’au plus fort de la récession de 2009. Bien que les mises en chantier puissent être un peu le canari dans la mine de charbon, c’est un indice de plus que les conditions difficiles dans la province ne sont pas passagères.
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