Pas de folie du printemps

L’activité sur le marché canadien de l’habitation est demeurée modérée en juin, avec peu de réactions à la première baisse de taux de la Banque du Canada de ce cycle. Autrement dit, comme les taux hypothécaires fixes sont déjà bien inférieurs aux taux variables et que très peu d’emprunteurs utilisent des produits à taux variable, ces premières réductions de taux n’ont pas une grande incidence. Parallèlement, les investisseurs demeurent absents en raison de la stabilité ou de la baisse des prix et du piètre dynamisme des flux de trésorerie, qui ont éliminé une cohorte auparavant importante d’acheteurs.
Dans l’ensemble, les ventes ont augmenté de 3,7 % après désaisonnalisation en juin, mais sont tout de même restées inférieures de 9,4 % aux niveaux d’il y a un an et d’un montant semblable à la moyenne sur dix ans. Pendant ce temps, les nouvelles inscriptions continuent d’augmenter, en hausse de 1,5 % en juin et de 2,9 % par rapport à il y a un an, avec des hausses au cours de cinq des six derniers mois. Le ratio ventes-nouvelles inscriptions s’est légèrement amélioré au cours du mois et reste très bien équilibré à 53,9 %.
Dans certains marchés, le stock d’habitations à vendre a rarement été plus élevé et, même si l’emplacement et le type de propriété ont une grande importance, on peut dire que le stock d’habitations en revente continue de s’accumuler progressivement. L’offre mensuelle d’habitations à vendre s’est établie à 4,2 % en juin, soit tout près du niveau le plus élevé en quatre ans.
Les prix à l’échelle nationale demeurent stables. Le prix de référence a gagné 0,1 % en juin, mais a tout de même reculé de 3,4 % par rapport à l’année précédente. De plus, sur une base annualisée, les prix n’ont pas bougé au cours des dernières périodes de trois et de six mois. Mais on observe des disparités évidentes dans les conditions du marché à l’échelle du pays et par segment.
Calgary demeure le marché le plus important au Canada, le ratio ventes-nouvelles inscriptions s’établissant à 79 %, tandis que les prix continuent leur ascension vers des niveaux records, en hausse de 8,7 % sur 12 mois. Cette vigueur, qui était très localisée, s’est maintenant propagée à l’ensemble de la région des Prairies, avec des marchés de vendeurs prenant forme à Edmonton, Regina et Winnipeg. Dans chacune de ces villes, les prix ont augmenté par rapport à l’année précédente. Des conditions tout aussi fermes persistent dans une grande partie du Québec et du Canada atlantique. Dans la plupart des cas, cela reflète les endroits où les Canadiens peuvent trouver des logements à prix abordable et, par conséquent, où ils déménagent.
À l’autre extrême, on trouve Vancouver et Toronto – des marchés inabordables qui voient leurs habitants partir. Les ventes à Vancouver ont diminué de 13 % sur 12 mois et les prix sont restés stables. Les ventes à Toronto ont également reculé de 13 % au cours de la dernière année, ce qui a entraîné une baisse des prix de 4,9 % et fait pencher la balance du marché en faveur des acheteurs. Là-bas, le marché est devenu presque inondé par l’offre de logements en copropriété à revendre, dont les prix ont chuté de 4,2 % sur une base annualisée au cours des six derniers mois, tandis que les prix des maisons individuelles, plus rares, ont augmenté de 2,5 %. Cela devrait être la norme pendant un certain temps encore.
Dans l’ensemble, le marché de la revente d’habitations a été modéré dans une grande partie du pays en juin, sans grande réaction à la première baisse de taux de ce cycle. Pour la Banque du Canada, il s’agit d’une bonne nouvelle, car le marché ne s’oppose pas à un nouvel assouplissement pour le moment. Pour les acheteurs, le retour à l’abordabilité demeure lent à l’échelle nationale, et les familles continuent de se déplacer pour la trouver. Pour les investisseurs, en particulier dans la Cité de Toronto, le marché reste très difficile.
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Robert Kavcic
Directeur et économiste principal