Mots-clés : durabilité

Dans le cadre du système de gestion de l’offre laitière du Canada, la principale façon pour une exploitation laitière d’accroître sa rentabilité est de réduire ses coûts. Toutefois, les efforts soutenus de réduction des coûts nécessitent un investissement qui réduit les marges déjà minces d’une exploitation. C’est pourquoi il est important de récupérer rapidement les coûts afin que l’exploitation ne soit pas mise à rude épreuve pendant une longue période. L’une des façons d’y arriver est de faire un investissement qu’il est possible de récupérer rapidement tout en réduisant les coûts d’énergie à perpétuité et en stabilisant les coûts variables de son exploitation.


Lauchie et Jolene MacEachern, copropriétaires de Folly River Farms, ont trouvé une solution. Les MacEachern ont acheté la ferme, située juste à l’extérieur de Truro, en Nouvelle-Écosse, en 2013. Depuis longtemps, Jolene souhaitait installer des panneaux solaires, car elle comprenait les avantages que cette technologie pouvait leur apporter, tant sur le plan financier qu’environnemental. L’an dernier, les MacEachern ont donc franchi le pas et ont installé 296 panneaux solaires sur leur ferme de 90 vaches et 450 acres.


Grâce à diverses subventions, ils prévoient rentabiliser leur investissement plus rapidement que prévu, et les avantages devraient durer pour les générations à venir.


« Les économies en matière d’énergie sont énormes, mentionne Lauchie. Les exploitations laitières dépendent beaucoup des combustibles fossiles pour le carburant et les engrais, et en Nouvelle-Écosse, notre électricité est principalement produite à partir de combustibles fossiles. Il était important pour nous d’essayer d’atténuer un peu cela. Jolene a vraiment aimé l’idée que, puisque nous avons du soleil, autant l’utiliser. »


La patience porte ses fruits

Même si les MacEachern étaient depuis longtemps attirés par les avantages de l’énergie solaire, ils ont réalisé qu’ils devaient attendre que la technologie soit suffisamment évoluée avant de s’y engager. En particulier, le coût des batteries nécessaires au stockage de l’électricité était tout simplement trop élevé pour la ferme. Le point de bascule s’est produit lorsque les systèmes de facturation nette – qui permettent aux utilisateurs d’énergie solaire d’envoyer l’énergie excédentaire au réseau électrique, que d’autres foyers et entreprises peuvent utiliser – ont fait leur apparition en Nouvelle-Écosse.


« Nous puisons dans le réseau lorsque nous avons besoin d’électricité, et lorsque nous produisons de l’électricité en surplus, elle est injectée dans le réseau, explique Lauchie MacEachern. Il n’est donc pas nécessaire de stocker l’électricité dans des batteries, une option qui exige beaucoup d’espace et un investissement important. »


Le système de Folly River est doté de 296 panneaux sur le toit et de six convertisseurs, qui transforment l’électricité en CC provenant des panneaux solaires en CA, qui est celui utilisé par le réseau électrique. Toutefois, comme l’installation a été terminée en octobre dernier, il a fallu attendre plusieurs mois avant que le soleil ne soit dans sa position optimale pour générer de l’électricité. Cependant, Lauchie a été satisfait du rendement au cours des premiers mois du printemps et de l’été. « Nous produisons de plus en plus chaque mois. [Juillet] a été le mois le plus productif. Je crois qu’il faudra un an pour évaluer la situation, mais je suis satisfait jusqu’à présent. »


Le système génère un maximum de 90 kilowatts pendant les heures d’ensoleillement maximum et sans couverture nuageuse. Il est conçu pour produire 150 000 kilowattheures par an afin de combler les besoins annuels en électricité de Folly River (l’étable à vaches laitières utilise environ 120 000 kilowattheures par an et deux maisons situées sur la propriété se partagent les 30 000 kWh restants). « Nous devons générer entre 12 000 et 13 000 kWh par mois en moyenne, précise Lauchie. En janvier, la production était de 3 500 kWh et en juillet, elle a dépassé 19 500 kWh. En moyenne, nous espérons produire la quantité dont nous avons besoin. »


Accélérer la récupération du capital investi

La transition vers l’énergie solaire s’inscrit dans la stratégie des MacEachern, qui consiste à utiliser la technologie pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts. « Dans le secteur de la production laitière, nos flux de trésorerie sont limités, mentionne Lauchie MacEachern. Nous ne pouvons pas gagner plus d’argent que notre quota le permet, donc la seule façon d’accroître nos bénéfices en conservant le même quota est d’économiser sur les coûts. »


Il a installé des lumières à DEL dans l’étable de traite, par exemple, pour économiser de l’électricité. « Nous tentions toujours de faire des économies ici et là quand c’était possible, pourvu que cela ne compromette rien d’autre. Nous ne prendrons pas de raccourci si ce n’est pas sûr ou si ce n’est pas avantageux dans un autre domaine. Mais nous cherchons toujours à économiser un dollar quand nous le pouvons, car cela représente un dollar de plus dans nos poches. »


Bien entendu, c’est encore mieux si on peut réaliser ces économies le plus rapidement possible. Le système d’énergie solaire de Folly River a coûté 165 000 $. Selon son calcul initial, Lauchie MacEachern prévoyait que le système s’autofinancerait en économies d’électricité sur 10 ans. Un programme appelé Efficiency Nova Scotia offrait une réduction automatique correspondant à environ 23 % du coût des panneaux. Cela a fait passer le délai de récupération du capital investi à sept ans.


Pendant que le projet était en cours, deux autres programmes de financement – une subvention provinciale pour les technologies propres et un programme fédéral – ont été offerts, qui couvraient environ 50 % des coûts du projet. Ces sources ont permis de réduire le délai de récupération du capital investi à un peu plus de deux ans.


Pour faire une demande dans le cadre de ces divers programmes, Lauchie MacEachern a eu besoin d’environ 15 heures. Mais il était évident que ça en valait la peine si ça lui permettait de réduire de 80 % le délai de récupération de son investissement. « Nous pouvions couvrir 50 % de nos coûts si nous étions approuvés, soit probablement l’argent le plus facile que nous aurions jamais gagné, raconte-t-il. Pour le gouvernement fédéral et notre gouvernement provincial, les technologies propres et l’énergie solaire sont très importantes en ce moment. Ils veulent réellement les financer, et je pense donc qu’il y a des occasions à saisir pour beaucoup d’entreprises. »


La vue d’ensemble

Lauchie MacEachern devait habituellement mettre de côté quelques milliers de dollars tous les deux mois pour la facture d’électricité ; il n’a pas eu à le faire cet été. Dans un contexte où les prix des combustibles, des engrais et des autres matières premières risquent de continuer à fluctuer en raison de l’incidence des enjeux géopolitiques sur les chaînes d’approvisionnement, la réduction des coûts de l’énergie peut contribuer à compenser ces répercussions à long terme.


Au-delà de l’aspect financier, le système de Folly River est conçu pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la ferme de 93 tonnes par année. Tout cela fait partie de la philosophie générale des MacEachern concernant la façon dont ils traitent l’environnement. Après tout, les terres devront être productives bien après que les MacEachern auront cessé leurs activités agricoles. Lauchie MacEachern compare le fait de prendre soin de la terre à celui de veiller sur le troupeau de bovins de sa ferme.


« Une vache heureuse est une vache productive, dit-il. Le bétail productif produit plus de lait, et sa production est moins coûteuse. Vous économisez donc de l’argent et épargnez du bétail. Votre terre n’est pas différente. Plus vous en prendrez soin, mieux vous en profiterez. Les rendements seront plus élevés et s’inscriront dans la durée. Si vous voulez exploiter la terre et tout laisser aller, vous ne réussirez pas, et la prochaine génération encore moins. Il est essentiel de s’occuper de la terre pour produire de bonnes cultures et protéger l’environnement. »