Le secteur agricole change son regard et adopte de nouvelles disciplines avec l’arrivée d’une main-d’œuvre jeune et diversifiée.
Le secteur agricole vit actuellement une saine transition. Il profite d’une grande diversité d’expériences, de points de vue et de disciplines que lui apporte une jeune génération de travailleurs. Ce groupe, qui comprend de nombreuses femmes diplômées universitaires, s’intéresse de plus en plus à la provenance des aliments, au fonctionnement du marché et à la façon de faire partie de la solution lorsqu’il s’agit de s’attaquer à des enjeux comme les changements climatiques, la sécurité alimentaire et la durabilité.
Je suis professeure auxiliaire en gestion des entreprises agricoles et en politique alimentaire à l’Université de la Colombie-Britannique, et ces enjeux constituent des points d’entrée pour de nombreux étudiants. Mais très vite, leur esprit s’ouvre face à l’immense étendue de l’univers agricole et à l’impact que le secteur alimentaire peut avoir sur le monde. Il convient également de noter que bon nombre de ces jeunes ne sont pas motivés essentiellement par l’argent, mais qu’il est surtout important pour eux de disposer d’un emploi gratifiant et d’avoir le sentiment de pouvoir exercer un impact positif.
Le défi pour les exploitants consiste à trouver la meilleure façon de travailler avec cette nouvelle génération d’agriculteurs, pour permettre à leurs activités de se développer durant les années à venir.
Au-delà des travailleurs habituels
Tout commence par un changement de perception pour comprendre qui sont les travailleurs agricoles et d’où ils viennent. Ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas grandi sur une ferme qu’elle n’accorde pas autant d’importance au travail qu’un agriculteur de cinquième génération. Dans un marché du travail comme celui que nous connaissons actuellement, où la main-d’œuvre se fait rare, il est essentiel de trouver des personnes qui sont passionnées par le monde agricole. Cela peut vouloir dire de chercher des candidats en dehors du moule des travailleurs habituels.
Traditionnellement, les hommes ont toujours constitué la principale main-d’œuvre embauchée dans les fermes, qu’il s’agisse de nourrir et de traire les vaches ou d’aller travailler dans les champs. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des femmes occuper ces emplois. Nous voyons également de plus en plus de femmes et de professionnels étrangers provenant de divers milieux mettre leur expertise au service du commerce de l’agriculture.
L’agriculture touche à de nombreux domaines, notamment la technologie, l’écologie, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, le marketing, la gestion des risques et le commerce international. La nouvelle génération d’agriculteurs arrive dans le secteur en possédant des compétences dans ces disciplines. De plus, partout dans le monde, les universités affichent un intérêt supérieur pour les programmes agricoles. Établir des liens directs entre les exploitants agricoles et ces universités pourrait être un moyen d’attirer de nouveaux talents aux points de vue diversifiés.
La valeur de la diversité
Le secteur agricole repose en grande partie sur des entreprises familiales multigénérationnelles, qui sont souvent transmises de père en fils. L’exploitation d’une ferme est souvent associée à un certain héritage familial. Un exploitant pourrait donc se sentir déstabilisé par l’idée d’intégrer un groupe de travailleurs diversifié à ses activités traditionnelles. Le changement nécessite de montrer une certaine ouverture d’esprit et de faire preuve d’un engagement total à aller jusqu’au bout. Cela signifie que les exploitants doivent résister à la tentation de pousser la nouvelle génération de travailleurs à adopter leurs anciennes façons de faire les choses. Laissez les jeunes implanter le changement, dans l’intérêt de la croissance de votre ferme et pour leur propre satisfaction professionnelle. En raison de la pénurie actuelle de main-d’œuvre, les candidats talentueux ont le choix; il est donc important de les aider à sentir qu’ils aident à changer les choses.
Heureusement, nous constatons que les exploitants commencent à reconnaître la valeur de la diversité et qu’ils trouvent différentes façons de recruter ces jeunes talents. Ils reconnaissent la valeur d’une nouvelle façon de penser. Nous voyons de grandes entreprises rechercher des chefs des finances qui savent sortir des sentiers battus dans des domaines comme la mise en place de structures de capital non traditionnelles. Vous pourriez embaucher un directeur des opérations qui pourrait évaluer de façon honnête les capacités de production de votre ferme. Si vous avez besoin d’ajouter de la main-d’œuvre, mais que vous avez de la difficulté à trouver des personnes pour traire vos vaches, pourriez-vous utiliser des systèmes de traite robotisés pour combler cette lacune? Y a-t-il d’autres changements auxquels l’exploitant n’a peut-être pas pensé?
Il existe un grand nombre de technologies en cours de développement – comme les systèmes d’irrigation intelligents, la surveillance des données sur le sol, la machinerie agricole automatisée et les outils permettant d’analyser l’ensemble des données – que les agriculteurs devront comprendre et utiliser. La nouvelle génération d’agriculteurs peut apporter une nouvelle façon de voir les choses permettant de maximiser l’efficacité de ces outils.
Il est essentiel que les exploitants, quelle que soit la taille de leur entreprise, procèdent à une évaluation de leurs activités afin de déterminer ce qui fonctionne bien, ce qu’ils peuvent changer et ce qu’ils peuvent faire pour gagner en efficacité. Vous pourriez ainsi embaucher un étudiant à la maîtrise pendant quelques mois pour effectuer une évaluation de vos activités, afin de déterminer dans quels domaines vous pourriez améliorer votre efficacité, en faisant par exemple appel à la technologie, comme les systèmes de traite robotisés.
Et les nouvelles idées ne viendront pas uniquement de votre propre exploitation. Dans certaines régions de la Colombie-Britannique, nous avons vu des exploitants observer des pairs qui se sont engagés à changer leur approche, qu’il s’agisse d’adopter de nouvelles technologies ou d’ajouter du personnel provenant de milieux non traditionnels. Ces exploitants apprennent de leurs pairs, et déterminent ensuite comment ils pourraient appliquer ces changements à leurs propres activités.
L’agriculture est un secteur dynamique, qui doit pouvoir s’adapter au changement. Avec l’évolution du secteur, les exploitants agricoles doivent constamment évaluer leurs activités pour trouver des façons d’atteindre leurs cibles de croissance et leurs objectifs stratégiques plus rapidement et plus efficacement. Une partie de cette évaluation porte sur les personnes que vous devez embaucher pour favoriser ce changement. C’est de plus en plus en faisant appel à un effectif jeune et diversifié que les exploitants pourront mener la charge.
