Les mises en chantier d’habitations au Canada ont chuté de 11,2 % pour atteindre 213 900 unités (données annualisées) en mars. Bien que certaines conditions météorologiques volatiles aient probablement eu une incidence sur l’activité ces derniers mois, le moment est bien choisi pour prendre du recul et examiner la situation de la construction résidentielle au Canada. En bref, l’activité ralentit considérablement par rapport à des niveaux très élevés. Le rythme moyen pour l’ensemble du T1 a été de 223 000 mises en chantier, le trimestre le plus faible depuis le creux de la pandémie au début de 2020. Le rythme moyen du semestre, quant à lui, se chiffre à 241 000, soit le semestre le plus faible depuis la fin de 2020. En effet, il semble que l’affaiblissement des conditions du marché ait, comme prévu, limité les nouvelles constructions, et l’activité est sur le point de se stabiliser dans la fourchette pré-COVID-19 d’environ 200 000 à 220 000 unités.
Les mises en chantier d’unités individuelles et multiples ont été en baisse en mars et pour l’ensemble du T1. La construction de maisons unifamiliales a chuté considérablement, atteignant 41 000 unités en mars, frôlant les creux du début de 2019 et du plus fort de la pandémie. En revanche, si l’activité liée aux immeubles à unités multiples a également reculé, les mises en chantier de ce segment ont atteint 152 000 unités au cours du mois.
Ne nous y trompons pas : nous observons toujours un niveau d’activité robuste sur le plan historique, mais le repli perturbera les décideurs qui exercent des pressions pour que la production double. Comme nous le disons depuis le dépôt du budget de 2022, il serait pratiquement impossible de doubler la construction résidentielle, étant donné que le secteur fonctionne déjà à plein régime et que le Canada construit déjà plus de logements par habitant que jamais. Doubler la production à partir de ce point de départ élevé est, disons, un peu fantaisiste. Vu les conditions du marché dégradées depuis la hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada, l’hésitation des investisseurs et le ralentissement des ventes avant la construction, les constructeurs semblent reculer quelque peu.
Malgré tout, nous continuons de voir un plancher pour la construction résidentielle pas trop loin des récents niveaux modestes, compte tenu de la croissance constante de la population et de la formation de ménages issus de la génération Y. En fait, si la construction ralentit comme nous en voyons maintenant les signes, nous pourrions sortir de ce cycle en luttant contre bon nombre des mêmes problèmes : offre limitée par rapport à la croissance démographique et combinaison de logements (beaucoup de copropriétés, mais peu de maisons unifamiliales) qui ne répond pas aux besoins démographiques.
Dans un communiqué distinct, les prêts aux ménages canadiens ont augmenté de 0,3 % en février pour s’établir à un rythme annualisé de 3,5 % au cours des trois derniers mois. La croissance des prêts hypothécaires à l’habitation, après le brusque ralentissement de la dernière année, se stabilise également à un rythme semblable (taux annualisé de 3,7 % au cours des trois derniers mois). La tendance est à peu près conforme à la fourchette inférieure des normes antérieures à la COVID-19 et, si elle se maintient, pourrait s’avérer un atterrissage en douceur favorable pour la croissance du crédit. N’oubliez pas que la croissance avait un rythme annualisé de plus de 10 % avant la politique de resserrement de la Banque du Canada. Nous avons également constaté une forte fluctuation des préférences relatives aux prêts hypothécaires dernièrement, les produits à taux variable ne représentant que 13 % des nouveaux prêts en février, en baisse par rapport aux sommets de plus de 60 % atteints au début de 2022 (c’est-à-dire le bon vieux temps où les Canadiens profitaient de prêts hypothécaires à taux variable d’environ 1,5 %). La majeure partie de l’activité s’est maintenant déplacée vers les prêts hypothécaires à taux fixe à court terme, dont les taux sont légèrement supérieurs à ceux des prêts à taux fixe de 5 ans en raison de l’inversion de la courbe, mais qui sont probablement perçus comme étant plus souples par ceux qui prévoient des réductions de taux d’intérêt au cours des trois prochaines années.
Table 1 - Canada — Mises en chantier
(milliers d’unités : taux annuels)